Son anniversaire en quarantaine
Un Québécois atteint du COVID-19 attend un deuxième test négatif pour pouvoir espérer rentrer au pays
Un Québécois atteint du coronavirus a célébré son 61e anniversaire, cette semaine, en regardant sa conjointe sagement installée à l’extérieur de sa fenêtre de l’hôpital japonais où il est confiné.
Manon Trudel et Julien Bergeron de Pointe-aux-Trembles pourraient rentrer prochainement au pays. Elle a eu son congé de l’hôpital Fuji Medical Center le 2 mars, tandis que son conjoint se croise les doigts après l’obtention d’un premier résultat négatif au COVID-19. Il en faut deux consécutifs pour être déclaré guéri.
Les amoureux ont été séparés dans deux hôpitaux différents, le 21 février dernier, après une quarantaine de 16 jours sur le bateau de croisière Diamond Princess.
Maintenant que Manon Trudel est guérie, elle va se poster, cellulaire à la main, devant la fenêtre de la chambre de son amoureux à l’hôpital Toyota Kosei.
« Ça fait vraiment du bien de la voir », indique M. Bergeron, qui devrait passer le prochain test demain.
CIGARETTE
L’enseignante du cégep de Sorel-Tracy n’entendait pas rester enfermée lors de ses premiers jours à l’hôpital, après tout le temps passé dans sa cabine de bateau sans fenêtre. Elle enviait la pause de 10 minutes à l’extérieur offerte aux fumeurs.
« Le premier matin, quand j’ai su ça, j’ai décidé que j’allais être fumeuse. Je me suis dit “mieux vaut tard que jamais” », raconte la femme de 61 ans en riant. Elle a fait des pieds et des mains pour se trouver une cigarette qu’elle n’allumait jamais. Ce stratagème a duré quatre jours, jusqu’à ce qu’elle change d’étage après avoir été déclarée positive au coronavirus.
SORTIE
Elle n’a jamais eu de symptômes et a finalement eu son congé, le 2 mars dernier, jour du 61e anniversaire de son conjoint. Dès le lendemain, elle avait une mission en tête, celle de trouver son amoureux, qui était à deux heures d’elle. Elle s’est rendue à son hôpital en train, et lui demandait au téléphone ce qu’il voyait de sa chambre, pour pouvoir lui envoyer la main.
À un certain point, les deux tourtereaux ont vu la même chose : une fille en trottinette avec un casque blanc. Ils se sont retrouvés à quelques mètres l’un de l’autre, à se regarder par la fenêtre.
« J’étais content. Ça faisait une douzaine de jours que je ne l’avais pas vue », raconte l’homme. Mme Trudel s’est installée dehors avec son cellulaire et son journal, jusqu’à ce qu’une infirmière sorte avec un masque. Elle est entrée et a pu voir son conjoint dans l’ouverture de la porte de sa chambre, sans y entrer toutefois.
Le lendemain, elle a apporté un gâteau de fête qu’elle a laissé au poste des infirmières, puis est retournée dehors avec son morceau à elle. Ils ont ainsi dégusté les pâtisseries, de part et d’autre de la fenêtre, pour souligner le 61e anniversaire.
Ils espèrent rentrer au pays, quelques jours après le retour de Diane et Bernard Ménard, également infectés sur le
« La saga n’est pas terminée. Nous, on va la terminer seulement quand on va avoir les pieds au Canada », conclut Mme Trudel.