L’État des autres
Un peu partout sur la planète, les gouvernements versent dans l’autoritarisme et imposent des politiques qui ne reçoivent pas l’aval de la majorité de la population. Parfois, les dirigeants vont jusqu’à contourner les législations et la constitution du pays pour n’en faire qu’à leur tête.
On désespère des faillites démocratiques avec les bâillons imposés à l’Assemblée nationale québécoise, avec le recours à un article de la constitution française pour soustraire un projet de loi à la sanction des députés ou en se remémorant le simili procès de destitution du président états-unien. La question se pose : au service de qui sont ces gouvernants ?
LE PEUPLE DE TROP
Bien que deux tiers des Français appuient la lutte des grévistes contre la réforme des régimes de retraite proposée par le gouvernement de Gérard Philippe, ce dernier n’a pas hésité à recourir au passage en force de son projet de loi et à l’expédier au Sénat sans qu’il soit soumis à l’approbation des parlementaires.
Du côté québécois, le même genre de passage en force a été opéré pour des projets de loi qui semaient la controverse et rencontraient des résistances chez des majorités significatives. En matière d’immigration ou de réforme de l’instruction publique, le gouvernement Legault est très loin d’avoir fait les efforts nécessaires pour construire de solides consensus.
Aux États-Unis, au Brésil, aux Philippines, en Israël, au Venezuela, en Turquie, en Russie, entre autres, les présidents font fi des lois et des institutions pour imposer leur diktat, se maintenir en place et se soustraire à la justice. Les assassinats et les arrestations de masse sont à l’avenant.
De tels agissements ne surprendraient pas dans des pays sous régime dictatorial, mais ils troublent lorsqu’ils surgissent dans des pays démocratiques gouvernés par les élus du peuple. À croire qu’une fois élus, ils n’ont que faire des aspirations de leurs citoyens.
LES TECHNOCRATES AU POUVOIR
Le Québec n’échappe pas à cette tendance autoritariste alors qu’au fil des ans on a fait disparaître une multitude de structures démocratiques pour les remplacer par des officines sous contrôle direct ou indirect de l’État, le gouvernement prenant grand soin de la nomination des membres de conseil d’administration lorsqu’il en instaure.
Ce sont de moins en moins des visionnaires préoccupés du bien-être de la population qui occupent le pouvoir. Graduellement, nous avons vu émerger des politiciens qui se comportent en gérant et qui ont institué une gestion par résultat qui sied mieux à une entreprise qu’à un État.
Pion des oligarques financiers, cette nouvelle classe de technocrates s’embarrasse de moins en moins des contre-pouvoirs et les élimine sans que la population, envoûtée par les discours d’économies supposées, s’en inquiète.
Le premier ministre joue l’outragé quand Le Journal fait des liens entre des aides financières accordées et leurs amitiés, cependant le système et les normes servent mieux certains que d’autres. Les Bellemare, Cauchon et compagnie en savent quelque chose !
La question se pose : au service de qui sont ces gouvernants ?