Le sport sur ordonnance pour lutter contre le cancer
Autrefois proscrite pendant les traitements pour le cancer du sein, l’activité physique est désormais largement prescrite par la médecine pour augmenter les chances de survie des patientes.
Les nombreux bienfaits de l’activité physique – réduction des effets secondaires, meilleur sommeil, diminution de l’anxiété, etc. – ont été largement documentés par une abondante littérature scientifique dans les dix dernières années, notamment pour le cancer du sein.
Trente minutes d’activité par jour contribueraient, de surcroît, à réduire les risques de récidive de 12 à 21 %. Certaines études vont même jusqu’à 30 à 40 %, selon la Dre Louise Provencher, du Centre des maladies du sein Deschênes-Fabia, au CHU de Québec.
« Quarante pour cent, ce n’est pas banal du tout. Ça fait longtemps qu’au Centre, on croit que c’est important. Toutes les études démontrent un avantage, que ça soit le bien-être, la meilleure tolérance aux traitements, la diminution de fatigue, et une plus grande forme, mais en plus, il y a une diminution de la mortalité », insiste-t-elle en entrevue.
AUTRES TEMPS, AUTRES MOEURS
La kinésiologue Myriam Fillion, à la Fondation cancer du sein du Québec, se souvient très bien de certains médecins qui, il y a dix ans à peine, recommandaient encore à leurs patientes d’éviter tout effort et d’économiser leurs énergies. Les temps ont bien changé.
« Dès le diagnostic, maintenant, on réfère immédiatement la patiente à un kinésiologue pour qu’elle entreprenne un programme d’activité. »
« Les recommandations qu’on avait avant, c’était : “Repose-toi, fais-en le moins possible.” Tandis que, maintenant, si tu ne peux pas atteindre ton 30 minutes d’activité par jour, qu’estce que tu peux faire ? C’est important d’en faire un peu, chaque jour, selon ses capacités », renchérit la kinésiologue Alexandra Lévesque, qui bâtit des programmes sur mesure pour chaque patiente qui en fait la demande à l’Hôpital du Saint-Sacrement.
ENCORE DU CHEMIN À FAIRE
Depuis 2014, plus de 600 femmes ont bénéficié de ce service gratuit et des cours de groupe offerts au Centre des maladies du sein. Cependant, il y a encore beaucoup de sensibilisation à faire, reconnaît la Dre Provencher, pour convaincre les femmes de bouger, surtout celles qui étaient sédentaires avant le diagnostic.
« Seulement 13 % des patientes, dans les études, font 150 minutes d’activité par semaine, ce n’est pas beaucoup. C’est bien important de le dire et de le redire. Ce n’est pas toutes les femmes qui le savent. »
La Dre Provencher espère convaincre le CHU de lui accorder une aide récurrente pour financer le programme mis en place il y a quelques années, convaincue que de nombreuses femmes n’auraient jamais changé leurs habitudes sans cela.