Le Journal de Montreal

Les menteurs de l’automobile

- Antoine Joubert Le Guide de l’auto

Comme c’est le cas dans tous les domaines, chacun défend son point de vue. Parce que le monde ne serait pas ce qu’il est s’il n’y avait pas place à l’argumentat­ion. Toutefois, je croise depuis que je suis en âge de conduire des gens qui, lorsque vient le temps de parler de leur voiture, en « beurrent épais ». Des gens qui se valorisent, se vantent, à travers les qualités du bolide qu’ils conduisent.

Je me remémore encore la fois où j’ai 17 ans. Je suis installé dans une cantine à savourer mon hot-dog lorsque débarque un gaillard au volant de sa Nissan Sentra 1994. Ce jour-là, je conduisais la voiture de ma mère… identique à la sienne ! Le type remarque la Sentra, me demande s’il s’agit de la mienne, et se lance ensuite dans une envolée lyrique qui se conclue par une mention stipulant que cette voiture, et je cite, « pogne facile 220, 230 si tu l’étires ! ».

L’amateur de voiture que je suis, et qui n’idolâtre certaineme­nt pas la petite Nissan de sa mère, forte de ses 110 chevaux, se met à rire dans une barbe qui n’a même pas encore lieu d’être. Parce qu’en toute franchise, j’avais au préalable poussé la voiture de ma mère pour voir ce qu’elle avait dans le ventre (et parce que j’étais un jeune irresponsa­ble de 17 ans), ce qui m’a permis de constater que cette Nissan avait tout donné ce qu’elle avait à 175 km/h.

VÉRITÉ GONFLÉE

Qu’est-ce que ce type voulait prouver en me mentionnan­t pareille idiotie ? Et surtout, pourquoi sentait-il le besoin d’affirmer tout ça à un jeune blanc-bec de 17 ans ? Chose certaine, ce type n’allait pas être le dernier à m’apostrophe­r en gonflant démesuréme­nt la vérité sur les capacités de son bolide.

Évidemment, un « gars de Volks » se moquera toujours d’une voiture japonaise. Un amateur de camion Ford regardera toujours de haut celui qui conduit un Ram ou un Chevrolet. J’ai même déjà croisé un type (un anglais d’origine), qui m’a juré dur comme fer qu’un Range Rover des années 2000 était le VUS le plus fiable et le plus durable qu’on puisse se procurer. Bref, je les ai toutes entendues.

Évidemment, parce que je suis aujourd’hui identifié à l’automobile, les gens m’interpelle­nt encore plus qu’avant. Et bien sûr, lorsqu’arrive la période des salons automobile­s, ma présence sur place me fait discuter avec des dizaines de personnes chaque jour sur différents sujets.

PLACE À LA VOITURE ÉLECTRIQUE

Depuis quelque temps, je constate que les histoires les plus hallucinan­tes que je puisse entendre proviennen­t généraleme­nt des gens qui possèdent ou qui prônent la voiture électrique. À quoi bon me dire que l’autonomie de votre Tesla Model 3 ne baisse pratiqueme­nt pas durant l’hiver ? Et comment, en m’insultant au passage, arrivez-vous à la conclusion que votre Hyundai Kona de 54 000 $ + tx moins 13 000 $ de crédit (donc environ 49 000 $), peut vous faire économiser 6000 $ par année par rapport à un modèle à essence de 26 000 $, en mentionnan­t aussi que vous roulez 12 000 km par an ? Soyez-en certain, j’ai bien tenté de prouver le contraire à ce type, mais tout en me traitant de cave et de vendu, il ne voulait rien entendre.

Pas plus tard que cette semaine, alors que je faisais l’essai de la Chevrolet Bolt 2020, je mettais en ligne sur ma page Facebook un petit vidéo mentionnan­t que l’autonomie en hiver oscille entre 260 et 280 km, alors que Chevrolet annonce 417 kilomètres en de parfaites conditions. Un résultat honnête, si on compare à des voitures comme la Nissan Leaf, qui perdent près de 50 % de leur autonomie par grand froid. Après avoir vu ce vidéo, un membre de ce que j’appelle la « secte des voitures électrique­s » ne se gênait pas pour me traiter d’imbécile, me mentionnan­t faire tout près de 400 kilomètres, même en hiver.

Je terminerai en mentionnan­t qu’une connaissan­ce, qui s’est procuré une Tesla Model S 85 d’occasion il y a trois ans, n’a fait que me vanter les mérites de sa voiture depuis le jour un de son acquisitio­n. Une merveille, disait-il, à tous les niveaux. Et récemment, après l’avoir vendue pour passer à un Volkswagen Atlas, il m’avouait avoir vécu trois ans de cauchemar. Problème après problème, toujours avec des factures qui dépassent l’imaginatio­n. Pendant trois ans, il s’est donc menti à lui-même et, bien sûr, à tous ceux qui lui parlaient de sa voiture, avant d’admettre que son histoire d’amour lui avait coûté les rénovation­s de son chalet, un voyage dans le sud et un abonnement aux parties du Canadien. Remarquez, sur ce dernier point, il n’a pas perdu grand-chose…

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PHOTO COURTOISIE Et vous savez quoi ? Après la parution de cet article, je recevrai sans doute d’autres messages de bêtise de la part d’ardents défenseurs qui ne veulent surtout pas que l’on écorche le monde des voitures à batterie !
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