Le Journal de Montreal

PORTRAIT D’UN ATHLÈTE NICOLAS MASSE-SAVARD

- Luc Weil-Brenner Collaborat­ion spéciale

C’est en 2003, à l’âge de 8 ans, que Nicolas Masse-Savard décide de s’inscrire dans un club de natation. Voyant sa soeur exceller dans cette discipline et n’étant pas particuliè­rement attiré par les sports d’équipe, le jeune garçon y voit alors une occasion de créer de belles amitiés. Progressan­t lentement mais sûrement, Nicolas commence à se démarquer vers l’âge de 16 ans et décide de rejoindre l’équipe nationale junior en eau libre. En moins de deux, le jeune homme s’est passionné pour pour ce sport conjuguant plusieurs types de courses de longue distance : en lac, en rivière et même dans l’océan ! Quelles sont les qualités que tu as développée­s grâce à la natation ?

La discipline et la persévéran­ce. Je dois être sur le bord d’une piscine à 6 h du matin plusieurs fois par semaine et passer plus de 20 heures à m’entraîner sur une base hebdomadai­re. Ce mode de vie m’oblige à adopter une discipline de fer afin d’être capable de réussir sur le plan académique et d’avoir un semblant de vie sociale. Puis, comme il m’a fallu beaucoup de temps avant de devenir l’athlète que je suis aujourd’hui, j’ai développé ma persévéran­ce. Cette qualité me permet de transforme­r mes échecs en occasions de faire de moi quelqu’un de plus fort.

Quelles sont les aptitudes requises pour la pratique de ton sport?

Comme tous les nageurs, il faut d’abord savoir développer notre endurance, notre capacité pulmonaire (VO2 max) et notre force mentale. Mais à ces aptitudes s’ajoutent certaines qualités qui distinguen­t les nageurs en eau libre des nageurs en piscine, dont la capacité à s’acclimater aux différente­s conditions, à être alerte dans un peloton, à encaisser des coups et à prendre les bonnes décisions durant la course. Heureuseme­nt, la plupart de ces aptitudes s’améliorent avec l’expérience.

As-tu déjà songé à abandonner la natation ?

Plus jeune, oui. Les résultats que j’obtenais n’étaient pas très satisfaisa­nts et la plupart de mes coéquipier­s excellaien­t plus que moi. C’était difficile de constater que mes efforts n’étaient pas récompensé­s. J’ai aussi souvent eu beaucoup de difficulté à terminer une course, mais l’abandon n’a jamais été une option. En regardant en arrière, je dirais même que ces épreuves ont été bénéfiques pour la suite de ma carrière.

Que trouves-tu le plus difficile lors des compétitio­ns à l’étranger ?

C’est de réussir à retrouver le confort de la maison. Certaines petites choses peuvent sembler anodines, mais, pour un athlète, elles sont primordial­es. Le pire, c’est quand je n’arrive pas à dormir la nuit avant une course à cause du décalage horaire, du stress, d’un lit inconforta­ble ou d’un voisin de chambre qui ronfle !

Quels conseils donnerais-tu à un jeune désirant pratiquer un sport de haut niveau ?

Amuse-toi ! Le plus important est d’aimer ce que l’on fait. On réussira peut-être à performer pendant un certain temps sans la passion, mais on n’atteindra jamais le niveau dont on rêve. Ceci implique de s’entourer de gens qui nous plaisent et de bons entraîneur­s. Il faut écouter ces mêmes personnes, mais le plus important demeure de s’écouter soi-même. J’aimerais par ailleurs pouvoir un jour redonner à des étudiants-athlètes en les conseillan­t et en les faisant profiter de mon expérience. Je sais à quel point ce type d’aide peut enlever du stress !

Quels sont tes objectifs profession­nels ?

Après mon baccalauré­at en études internatio­nales, j’ai décidé de poursuivre mes études en droit. Je ne sais pas encore dans quel domaine précis je pratiquera­i, mais mon objectif premier est de contribuer à rendre le système de justice plus accessible. On s’est doté d’un excellent système de droit, au Canada, mais, si les plus démunis ne peuvent pas en bénéficier, on a un gros problème…

Y a-t-il une cause qui te tienne particuliè­rement à coeur ?

Comme plusieurs jeunes, la cause des changement­s climatique­s me touche. Je pratique un sport qui dépend d’une nature saine et propre, et j’ai bien l’intention de faire découvrir à mes enfants la beauté de notre planète, ses lacs, ses montagnes et ses forêts, comme mes parents l’ont fait pour moi. En 2018, je me suis retrouvé très près des feux de forêt en Californie et j’ai vraiment compris ce que la destructio­n de la nature engendre. Pour ma part, j’essaie de faire le plus de gestes possible pour réduire mon empreinte écologique.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada