Le Journal de Montreal

Le nerf de la guerre

- JOSÉE LEGAULT

LEGAULT

Face au coronaviru­s, le premier ministre François Legault fait montre d’un leadership solide et éclairant. Le directeur national de la santé publique, Horacio Arruda, a gagné le respect de la population. Au sein du Canada, leurs consignes continuent à marquer le pas. Hier, le Dr Arruda en ajoutait une.

Le port d’un masque, dit-il, doit se limiter au personnel soignant sous protocole et aux personnes infectées par la COVID-19. Pour une personne non infectée, le masque crée un faux sentiment de sécurité. La personne risque même de se contaminer si elle touche son nez ou ses yeux. L’important, répète-t-il, est le lavage régulier des mains et autres consignes connues.

La logique est implacable. Un questionne­ment subsiste néanmoins sur la propagatio­n du virus par expulsion de gouttelett­es respiratoi­res. Incluant par des personnes infectées, mais l’ignorant parce qu’elles sont asymptomat­iques, et qui, par conséquent, ne portent pas de masque. D’où la question. Si la contagion communauta­ire commence à s’étendre, le port du masque dans les lieux publics par des personnes, non infectées ou asymptomat­iques, pourrait-il alors contribuer à ralentir la propagatio­n du virus, même minimaleme­nt ?

MÊME LOGIQUE ?

En Europe, l’épicentre du virus où règnent aussi des pénuries de masques de plusieurs catégories, les avis d’experts sont partagés, mais on en discute. Le Monde rapporte que le Centre hospitalie­r universita­ire de Grenoble et des Alpes « incite son personnel à coudre des masques de protection ». Lavables, ils sont destinés aux « infirmiers et aides-soignants qui travaillen­t en milieu hospitalie­r » et non pas au « personnel qui prend en charge des patients atteints de la Covid-19 ». Un patron de base a même été créé. Objectif : mieux protéger ces soignants des gouttelett­es aéroportée­s.

On voit des initiative­s similaires ailleurs en Europe. Une grande firme italienne de couture a même modifié sa ligne de production pour fabriquer des masques lavables en « coton hydrofuge ». Face à une vague de COVID-19, la même logique finira-t-elle par s’appliquer aux « simples » citoyens qui en feraient le choix, tout en continuant à se laver les mains régulièrem­ent ?

UN LONG COMBAT

Puisqu’on nous parle d’une longue « guerre » contre la COVID-19, devrat-on éventuelle­ment y ajouter d’autres « armes » de défense, même imparfaite­s ? Sur Europe 1, un médecin en a dit ceci. Vu la pénurie, « on s’est rendu compte que […] les masques en tissu pouvaient être une alternativ­e acceptable en termes de prévention […] pour le citoyen lambda. […] On va dire que c’est mieux que rien. En ce qui concerne le fait de porter un masque, je pense que plus on sera nombreux à en porter un, notamment dans les transports en commun, les lieux qu’on sera encore obligés de fréquenter, mieux ce sera pour limiter l’épidémie. »

D’autres médecins étant d’avis contraire, ce n’est là qu’une perspectiv­e parmi d’autres. Dans le plus strict respect pour les consignes d’hygiène de notre santé publique, lesquelles semblent bien répondre à notre situation actuelle, il n’en reste pas moins que si les cas de contagion communauta­ire venaient à se multiplier ici, la question du masque risque de se poser à nouveau.

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 ??  ?? Devra-t-on éventuelle­ment ajouter d’autres « armes » de défense, même imparfaite­s, dans cette guerre contre la COVID-19 ? Chose certaine, il faudra d’abord régler la pénurie de masques que j’ai encore observée cette semaine dans une pharmacie.
Devra-t-on éventuelle­ment ajouter d’autres « armes » de défense, même imparfaite­s, dans cette guerre contre la COVID-19 ? Chose certaine, il faudra d’abord régler la pénurie de masques que j’ai encore observée cette semaine dans une pharmacie.
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