Les agriculteurs pourront avoir l’aide des travailleurs étrangers
Ottawa a décidé de garder ouvertes ses frontières pour ces ouvriers temporaires
Des producteurs de fruits et légumes québécois sont soulagés que le gouvernement fédéral ait finalement autorisé, hier, l’entrée au pays des travailleurs étrangers malgré la fermeture des frontières. Ils se gardent toutefois de crier victoire trop vite.
« C’est pas gagné d’avance, mais c’est sécurisant », s’est empressé de lancer Philippe Beauregard, du Potager Mont-Rouge, en Montérégie, quelques minutes après l’annonce du ministre canadien de la Sécurité publique, Bill Blair, hier après-midi.
Ottawa permettra aux employés étrangers temporaires de s’amener au pays afin d’assurer la production maraîchère, tout en observant des mesures de sécurité, malgré la fermeture des frontières canadiennes aux non-résidents.
« Il n’y avait pas d’autres solutions. C’est aussi tragique que ça », poursuit l’entrepreneur familial qui, comme d’autres, craignait carrément de devoir renoncer à semer courges et fraises cette saison, sans l’aide de ses travailleurs mexicains. Il aurait alors essuyé une perte dépassant 1 million $, en plus d’amoindrir la variété dans l’assiette du consommateur.
ILS ONT ÉTÉ ENTENDUS
Hier matin, différents acteurs du monde agricole avaient imploré le gouvernement d’exempter ces quelque
16 000 ouvriers saisonniers.
Ils ont plaidé qu’il s’agissait « d’un service essentiel ». Semble-t-il qu’ils ont été entendus.
« C’est important, il faut le comprendre, parce qu’on importe beaucoup l’hiver, mais l’été, on produit ici, en grande partie par des travailleurs temporaires étrangers », a précisé le premier ministre du Québec, François Legault, en point de presse, hier.
« Empêcher [leur] venue aurait entraîné des conséquences désastreuses sur le secteur agricole, plus particulièrement horticole, mais surtout sur le coût du panier d’épicerie des Canadiens », a réagi favorablement Marcel Groleau, président de l’Union des producteurs agricoles.
PRIX ET PÉNURIE
« On a maintenant quelque chose pour commencer à se défendre, mais on n’est pas sorti du bois », a admis Gerry Van Winden, PDG de Vegpro à Saint-Patrice-de-Sherrington, en Montérégie, et qui embauche près de 200 Mexicains saisonniers.
Il entrevoyait des problèmes d’envergure pour son entreprise, mais aussi pour l’industrie.
« Le prix aurait augmenté drastiquement et on aurait risqué très fort de manquer de produits sur les tablettes, a-t-il ajouté. C’est sûr que ça va quand même perturber. Il y aura des procédures à remplir. Certains travailleurs ne voudront pas venir. Mais au moins, ce ne sera pas la catastrophe. »