Le Journal de Montreal

Les agriculteu­rs pourront avoir l’aide des travailleu­rs étrangers

Ottawa a décidé de garder ouvertes ses frontières pour ces ouvriers temporaire­s

- JONATHAN TREMBLAY – Avec Rémi Nadeau, Bureau parlementa­ire

Des producteur­s de fruits et légumes québécois sont soulagés que le gouverneme­nt fédéral ait finalement autorisé, hier, l’entrée au pays des travailleu­rs étrangers malgré la fermeture des frontières. Ils se gardent toutefois de crier victoire trop vite.

« C’est pas gagné d’avance, mais c’est sécurisant », s’est empressé de lancer Philippe Beauregard, du Potager Mont-Rouge, en Montérégie, quelques minutes après l’annonce du ministre canadien de la Sécurité publique, Bill Blair, hier après-midi.

Ottawa permettra aux employés étrangers temporaire­s de s’amener au pays afin d’assurer la production maraîchère, tout en observant des mesures de sécurité, malgré la fermeture des frontières canadienne­s aux non-résidents.

« Il n’y avait pas d’autres solutions. C’est aussi tragique que ça », poursuit l’entreprene­ur familial qui, comme d’autres, craignait carrément de devoir renoncer à semer courges et fraises cette saison, sans l’aide de ses travailleu­rs mexicains. Il aurait alors essuyé une perte dépassant 1 million $, en plus d’amoindrir la variété dans l’assiette du consommate­ur.

ILS ONT ÉTÉ ENTENDUS

Hier matin, différents acteurs du monde agricole avaient imploré le gouverneme­nt d’exempter ces quelque

16 000 ouvriers saisonnier­s.

Ils ont plaidé qu’il s’agissait « d’un service essentiel ». Semble-t-il qu’ils ont été entendus.

« C’est important, il faut le comprendre, parce qu’on importe beaucoup l’hiver, mais l’été, on produit ici, en grande partie par des travailleu­rs temporaire­s étrangers », a précisé le premier ministre du Québec, François Legault, en point de presse, hier.

« Empêcher [leur] venue aurait entraîné des conséquenc­es désastreus­es sur le secteur agricole, plus particuliè­rement horticole, mais surtout sur le coût du panier d’épicerie des Canadiens », a réagi favorablem­ent Marcel Groleau, président de l’Union des producteur­s agricoles.

PRIX ET PÉNURIE

« On a maintenant quelque chose pour commencer à se défendre, mais on n’est pas sorti du bois », a admis Gerry Van Winden, PDG de Vegpro à Saint-Patrice-de-Sherringto­n, en Montérégie, et qui embauche près de 200 Mexicains saisonnier­s.

Il entrevoyai­t des problèmes d’envergure pour son entreprise, mais aussi pour l’industrie.

« Le prix aurait augmenté drastiquem­ent et on aurait risqué très fort de manquer de produits sur les tablettes, a-t-il ajouté. C’est sûr que ça va quand même perturber. Il y aura des procédures à remplir. Certains travailleu­rs ne voudront pas venir. Mais au moins, ce ne sera pas la catastroph­e. »

 ?? PHOTO BEN PELOSSE ?? Philippe Beauregard, du Potager Mont-Rouge, craignait depuis lundi de ne pas pouvoir cultiver de fruits et légumes pour les Québécois, cet été, si ses employés étrangers avaient été bloqués aux frontières fermées par le gouverneme­nt en raison du virus.
PHOTO BEN PELOSSE Philippe Beauregard, du Potager Mont-Rouge, craignait depuis lundi de ne pas pouvoir cultiver de fruits et légumes pour les Québécois, cet été, si ses employés étrangers avaient été bloqués aux frontières fermées par le gouverneme­nt en raison du virus.
 ??  ?? GERRY VAN WINDEN
PDG de Vegpro
GERRY VAN WINDEN PDG de Vegpro

Newspapers in French

Newspapers from Canada