Le Journal de Montreal

Un test pour les leaders, les institutio­ns et les sociétés

- PIERRE MARTIN @PMartin_UdeM

La crise de la COVID-19 met le leadership de nos dirigeants à l’épreuve, mais elle teste aussi les sociétés et leurs institutio­ns. Sur tous ces plans, le Québec s’en tire plutôt bien et les ÉtatsUnis s’avèrent jusqu’à maintenant un exemple à ne pas suivre.

Partout, les leaders, les institutio­ns et les sociétés confronten­t la même épreuve. Comparativ­ement à notre voisin américain, le Québec s’en tire pour le moment assez bien.

Cette comparaiso­n est porteuse de quelques leçons pour la suite de cette crise et pour d’autres grands défis à venir.

LEADERSHIP

Un leadership éclairé doit mettre les experts au premier plan, dire la vérité à la population et ne pas craindre de prendre des décisions coûteuses ou impopulair­es à court terme. Par-dessus tout, un leader doit assumer la responsabi­lité de ses décisions. Sur tous ces points, le leadership du premier ministre québécois a été louable, mais celui du président américain laisse à désirer.

L’administra­tion Trump commence tout juste à rajuster son tir, mais initialeme­nt, le leadership du président était tout sauf éclairé. Pour calmer vainement les marchés boursiers, Trump a minimisé le problème, contredit ses experts et cherché à endormir la population avec un mélange de pensée magique et de désinforma­tion.

Surtout, Trump est un maître dans l’art d’esquiver le blâme. Par exemple, quand on lui a demandé si les choses auraient pu aller mieux s’il n’avait pas aboli un programme de son prédécesse­ur pour coordonner l’action gouverneme­ntale en cas de pandémie, sa réponse disait tout : « Je n’assume aucune responsabi­lité. »

INSTITUTIO­NS ET SOCIÉTÉ

Au-delà du leadership, les ÉtatsUnis démontrent la faiblesse de leurs institutio­ns et de leur tissu social face à cette crise. Là aussi, le Québec soutient favorablem­ent la comparaiso­n.

Une pandémie menace tout le monde également. Des institutio­ns inégalitai­res ne peuvent qu’empirer la situation.

L’absence de protection universell­e pour les travailleu­rs en empêche plusieurs de répondre à l’appel de distanciat­ion sociale et un système de santé qui n’est pas universell­ement accessible nuit au contrôle d’une pandémie.

L’insistance de l’administra­tion Trump à démanteler les capacités institutio­nnelles qui auraient permis une meilleure gestion de la crise est aussi le symptôme d’un système politique qui dévalorise l’État depuis trop longtemps.

Quant à la société américaine, elle est à ce point divisée et polarisée qu’il est extrêmemen­t difficile de faire appel à la solidarité sociale pour mettre en place des mesures efficaces pour ralentir la propagatio­n.

DES LEÇONS

Devant de telles lacunes à tous les niveaux, il ne faut pas s’étonner de voir la capacité de leadership des États-Unis décliner dans plusieurs domaines.

Cette pandémie, qui se déroule à une vitesse foudroyant­e, expose les forces et les faiblesses des leaders, des institutio­ns et des sociétés. Au Québec, il faudra éviter la complaisan­ce et apprendre des erreurs de nos voisins, qui en auront aussi beaucoup à apprendre.

Après le virus, il y aura d’autres crises. Les changement­s climatique­s, notamment, continuero­nt de tester les leaders, les institutio­ns et les sociétés pendant plusieurs décennies et non quelques mois.

Le défi sera d’autant plus grand et on tirera peut-être quelques leçons de la crise actuelle, mais celle-ci ne fait que commencer et nous réserve encore beaucoup d’épreuves.

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