Un test pour les leaders, les institutions et les sociétés
La crise de la COVID-19 met le leadership de nos dirigeants à l’épreuve, mais elle teste aussi les sociétés et leurs institutions. Sur tous ces plans, le Québec s’en tire plutôt bien et les ÉtatsUnis s’avèrent jusqu’à maintenant un exemple à ne pas suivre.
Partout, les leaders, les institutions et les sociétés confrontent la même épreuve. Comparativement à notre voisin américain, le Québec s’en tire pour le moment assez bien.
Cette comparaison est porteuse de quelques leçons pour la suite de cette crise et pour d’autres grands défis à venir.
LEADERSHIP
Un leadership éclairé doit mettre les experts au premier plan, dire la vérité à la population et ne pas craindre de prendre des décisions coûteuses ou impopulaires à court terme. Par-dessus tout, un leader doit assumer la responsabilité de ses décisions. Sur tous ces points, le leadership du premier ministre québécois a été louable, mais celui du président américain laisse à désirer.
L’administration Trump commence tout juste à rajuster son tir, mais initialement, le leadership du président était tout sauf éclairé. Pour calmer vainement les marchés boursiers, Trump a minimisé le problème, contredit ses experts et cherché à endormir la population avec un mélange de pensée magique et de désinformation.
Surtout, Trump est un maître dans l’art d’esquiver le blâme. Par exemple, quand on lui a demandé si les choses auraient pu aller mieux s’il n’avait pas aboli un programme de son prédécesseur pour coordonner l’action gouvernementale en cas de pandémie, sa réponse disait tout : « Je n’assume aucune responsabilité. »
INSTITUTIONS ET SOCIÉTÉ
Au-delà du leadership, les ÉtatsUnis démontrent la faiblesse de leurs institutions et de leur tissu social face à cette crise. Là aussi, le Québec soutient favorablement la comparaison.
Une pandémie menace tout le monde également. Des institutions inégalitaires ne peuvent qu’empirer la situation.
L’absence de protection universelle pour les travailleurs en empêche plusieurs de répondre à l’appel de distanciation sociale et un système de santé qui n’est pas universellement accessible nuit au contrôle d’une pandémie.
L’insistance de l’administration Trump à démanteler les capacités institutionnelles qui auraient permis une meilleure gestion de la crise est aussi le symptôme d’un système politique qui dévalorise l’État depuis trop longtemps.
Quant à la société américaine, elle est à ce point divisée et polarisée qu’il est extrêmement difficile de faire appel à la solidarité sociale pour mettre en place des mesures efficaces pour ralentir la propagation.
DES LEÇONS
Devant de telles lacunes à tous les niveaux, il ne faut pas s’étonner de voir la capacité de leadership des États-Unis décliner dans plusieurs domaines.
Cette pandémie, qui se déroule à une vitesse foudroyante, expose les forces et les faiblesses des leaders, des institutions et des sociétés. Au Québec, il faudra éviter la complaisance et apprendre des erreurs de nos voisins, qui en auront aussi beaucoup à apprendre.
Après le virus, il y aura d’autres crises. Les changements climatiques, notamment, continueront de tester les leaders, les institutions et les sociétés pendant plusieurs décennies et non quelques mois.
Le défi sera d’autant plus grand et on tirera peut-être quelques leçons de la crise actuelle, mais celle-ci ne fait que commencer et nous réserve encore beaucoup d’épreuves.