Le Journal de Montreal

S.V.P., arrêtez de déconner

- MARIO DUMONT PAGE 12

J’ai encore croisé un négationni­ste cette semaine. Une grippe ! Gouverneme­nts et médias font peur au monde ! Lourd à entendre.

Toujours difficile d’avouer qu’on a eu tort. Après des semaines à se donner en spectacle au bureau sur le ridicule des médias qui font toute une histoire avec une simple grippe, comment sauver la face ? OK. Tout le monde vous pardonne. Vous n’avez même pas à vous justifier. Cessez seulement de déconner.

Des gens meurent par centaines. Des pays jouissant d’excellents systèmes de santé ne peuvent plus traiter les malades. L’économie mondiale perd ses roues.

Des secteurs entiers sont arrêtés créant des pertes d’emploi par milliers. On ne voyage plus. La moitié des enfants du monde ne vont plus à l’école. J’arrête.

LA PEUR DE PERDRE LA FACE

Maintenir publiqueme­nt que cela n’est pas grave, le lier à une invention ou une exagératio­n des médias relève de la folie. Au fond d’eux-mêmes, les derniers récalcitra­nts savent parfaiteme­nt qu’ils ont tort. Aucun être humain ne peut être aussi imperméabl­e à la réalité, lorsque la catastroph­e se joue sous ses yeux. Aucun être humain ne peut être réellement aussi insensible à la part d’inconnu qui accompagne la crise.

Il reste l’orgueil. Le refus d’avoir tort sur la place publique pousse à rester campé dans le corridor sombre de ses positions absurdes. Prenez un instant, allez faire un tour d’horizon de l’actualité à travers le monde, les témoignage­s des médecins italiens, par exemple. Cela devrait vous convaincre de ne pas faire un pas de plus dans votre cul-de-sac.

S’il ne s’agissait que de propos étourdis, on pourrait s’en foutre. À la limite, ils pourraient être qualifiés de divertissa­nts dans cette période sombre. Le problème, c’est qu’ils agissent en tout contraire de la logique, contrevien­nent à toutes les directives et encouragen­t les autres à désobéir. Ils deviennent alors de véritables dangers publics en face d’une pandémie.

PEU D’INFORMATIO­N

En somme, il faut éviter de braquer ceux qui ont nié la pandémie jusqu’à aujourd’hui pour les aider à revenir dans la réalité. Puis il y a le cas des gens qui ne savent rien. Ils ne consultent aucune source d’informatio­n. Ni les journaux, ni la télé, ni la radio, ni le web.

Ils ne savent pas qui est le premier ministre, ils n’ont pas entendu parler du blocus ferroviair­e ni de la loi sur la laïcité. Or cette fois-ci, il faut savoir. Je pense à ce monsieur qui prenait l’avion vers le sud, ignorant la directive des deux niveaux de gouverneme­nt. Sa réponse concernant les risques ? Il a bon espoir que pendant sa semaine au tout-inclus, le gouverneme­nt aura réglé le problème ! Quoi dire ?

Ignorance ou entêtement, l’effort du moment consiste à éduquer, informer, expliquer. Les exemples vécus en Europe fournissen­t amplement de matériel pour aider à faire entendre raison.

Voici un moment où un minimum d’informatio­n et une saine compréhens­ion de la réalité peuvent changer le cours de notre histoire.

Ils sont nombreux à avoir comparé la Covid-19 à une simple grippe. L’orgueil ou l’entêtement ne doit pas empêcher leur reconnexio­n avec la tragédie en cours.

 ??  ??
 ??  ?? Les « spring breakers » ne semblent pas appliquer les recommanda­tions sanitaires. Des milliers de jeunes se baignaient dans l’océan, à Clearwater Beach, en Floride, et prenaient le soleil comme si de rien n’était.
Les « spring breakers » ne semblent pas appliquer les recommanda­tions sanitaires. Des milliers de jeunes se baignaient dans l’océan, à Clearwater Beach, en Floride, et prenaient le soleil comme si de rien n’était.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada