S’endetter jusqu’où ?
Compréhensifs devant leur mise à pied temporaire, plusieurs travailleurs qui n’ont jamais connu le chômage sont sous le choc devant l’inconnu généré par la crise.
En situation de pénurie d’emploi, il y a à peine quelques jours, voilà que les garagistes font face à des mises à pied massives depuis le début de la semaine.
Christian Paradis, un mécanicien qui travaille depuis plus de 15 ans chez Lallier Ste-Foy, à Québec, a appris mercredi soir qu’il était sur la touche pour une période indéterailleuminée.
« Mon patron se sentait mal, mais on est compréhensif », dit l’homme de 51 ans, père monoparental de deux enfants, de 7 et 11 ans, et propriétaire d’une maison.
« Ce qui m’inquiète le plus, c’est jusqu’à quel niveau on va s’endetter si on est obligé de s’endetter de 5000 $, 6000 $ quand tu es déjà serré, c’est dur d’aller rechercher ce que tu as perdu. »
La durée de la crise sera déterminante pour celui qui a travaillé toute sa vie.
Pour sa part, Nicolas Gagnon, un commis aux pièces depuis 10 ans chez Chicoutimi Chrysler, ne croyait pas que l’annonce viendrait si vite.
« Ce n’est pas quelque chose de plaisant à entendre. »
Avec deux enfants et une conjointe enceinte, M. Gagnon s’en remettra au revenu de retrait préventif de sa conjointe et à l’assurance-emploi qu’il souhaite plus tôt que tard.
MOINS DE DÉPENSES
« De toute façon, on ne peut pas sortir de chez nous, ça va coûter moins cher en loisirs », ironise-t-il.
Les travailleurs licenciés temporairement n’ont d’autre choix que de prendre les choses une journée à la fois.
Styve Gagnon faisait, quant à lui, son dernier quart de travail dans un Subway de Québec avant de faire une demande de chômage aujourd’hui.
« Je n’ai plus d’heures, quatre heures au Subway et huit heures à l’imprimerie, dit le père de cinq enfants. Pour moi le chômage, c’est la seule solution, je vais me démerder. »
Mais devant cette incertitude, les travailleurs, chômeurs pour la première fois de leur vie, ne peuvent qu’être résilients.
« On ne peut pas être fâché contre personne, ce n’est de la faute à personne », concluait Nicolas Gagnon.