Le Journal de Montreal

L’épicerie durant la pandémie

Notre journalist­e a fait les courses pour son père, mis en isolement

- NICOLAS LACHANCE

Faire l’épicerie en temps de pandémie est un vrai casse-tête. Pour mon père de 88 ans qui est en isolement, c’est encore plus compliqué. En temps normal, mon père sort de sa résidence chaque jeudi afin de faire son épicerie en compagnie de son amie Sylvie.

À l’épicerie et à la pharmacie, il connaît tous les gens par leur nom. Il prend des nouvelles de leurs proches. Il fait des blagues.

Au-delà du service essentiel, c’est un divertisse­ment important, un moment de plaisir qui lui permet de côtoyer des gens à l’extérieur de sa résidence.

Âgé et cardiaque, mon père est l’une des personnes très vulnérable­s en ces temps de pandémie. Le virus pourrait lui être fatal.

Les mesures sanitaires prises par le gouverneme­nt du Québec pourraient lui sauver la vie.

S’ISOLER AVEC LE SOURIRE

Il prend donc très au sérieux les recommanda­tions et accepte de s’isoler en restant chez lui, et ce, avec le sourire.

Il a décidé d’écouter le message du premier ministre qu’il a vu à la télévision, d’arrêter de dîner au restaurant avec ses amies et de se rendre à l’épicerie.

Autonome, il doit toutefois continuer à se faire à manger pour se nourrir. En famille, on s’est fait un plan pour le protéger ainsi que les autres résidents qu’il côtoie. Cette semaine, c’était à moi de prendre le relais.

MOMENTS À L’ÉCART

Durant quelques semaines, je devrai mettre les moments « père et fils » à l’écart.

Il devra mettre de côté ses sorties avec ses amies. S’abstenir des accolades qu’il aime tant.

On pourra se voir brièvement, à distance, lorsque j’irai lui porter sa « commande ». On se parle aussi au téléphone.

C’est pour son bien et celui des personnes âgées près de lui. Il y aura toujours des doutes pour sa santé, mais nous aurons réduit au minimum les risques que notre père tombe au combat.

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