Non aux courses à la chefferie « virtuelles »
Les lendemains de l’actuelle pandémie m’inquiètent parfois autant que la pandémie ellemême.
Bien sûr, la distanciation sociale est actuellement justifiée. J’en respecte les préceptes. Je suis un Arrudiste (selon la doctrine du Doc Horacio Arruda) de stricte obédience. Je vous écris d’un lieu d’isolement quasi total.
Au fond, je crains qu’on prenne de mauvaises habitudes.
Qu’après la pandémie, « l’enfer sera [encore] les autres ». Adieu, poignées de main, « becs » et autres coutumes tactiles. Du traumatisme du coronavirus pourrait bien découler une peur latente et permanente des contacts. Pis encore, des rassemblements d’humains.
Déjà que nous étions des sociétés plutôt aseptisées. Friandes de contenants jetables, à utilisations uniques, par exemple.
Déjà que nos médias dits sociaux nous rendaient asociaux. Que la fréquentation immodérée de nos multiples bidules « internétiques » faisait écran à la vraie vie charnelle tout en nous rendant anxieux.
Quand Magritte peignit une pipe en écrivant dessous « Ceci n’est pas une pipe », son message était simple : l’image d’une chose n’est pas la chose. Or, les représentations de la société, sur nos écrans, ne sont pas la société.
Mais au sortir de la pandémie, où nous aurons macéré des mois dans un strict cocooning, à « télétravailler », à interagir par écrans interposés, que serons-nous devenus ?
CONNERIES
ROBITAILLE
J’étais saisi par ces tourments, hier, lorsque je reçus un communiqué de Dominique Anglade.
La candidate à la direction du PLQ s’y réjouissait qu’en raison de la pan- démie, son parti ait revu les modalités de la course à la chefferie. Les débats et le congrès seront « virtuels » !
Sans le nommer, elle répondait à son adversaire, Alexandre Cusson, qui réclamait hier matin une suspension de la campagne et un report du vote.
Dans les circonstances, cela semble raisonnable. Quand tout ou presque est annulé ou reporté (peut-être même les Olympiques), ça se comprend.
Mais non ! L’équipe Anglade, dans son communiqué, insiste, avec cette phrase hilarante : « Le parti [sic] libéral a toujours su s’adapter à son époque depuis notre [sic] fondation, il y a plus de 150 ans. Aujourd’hui, encore, avec une course, un scrutin et un congrès à la chefferie virtuels, nous démontrons notre capacité d’adaptation et d’innovation. » Adaptation et innovation, que de conneries peut-on débiter en votre nom !
Avant la pandémie déjà, les partis politiques avaient du mal à rassembler de vrais militants. Le PLQ en particulier peinait à redevenir un réel lieu de débats, menés par des êtres en chair et en os. Mme Anglade estime que la pandémie est une occasion de faire un pas de plus : la dématérialisation totale ; devenir une sorte de groupe Facebook !
Sous les mots à la mode, ici, se cache un cynisme pur, de la part de celle qui possède une longueur d’avance. Sous couvert d’« innovation », sous prétexte de pandémie, elle veut escamoter la vraie course et aller le plus rapidement au vote, à la date prévue, le 31 mai.
M. Cusson a raison de se rebiffer et de plaider pour une politique humaine, faite de vrais contacts humains.
Mme Anglade estime que la pandémie est une occasion de faire un pas de plus : la dématérialisation totale ; devenir une sorte de groupe Facebook !