20 mars - Journée internationale de la Francophonie
Chaque année depuis 1988, le 20 mars coïncide avec la Journée internationale de la Francophonie qui célèbre et favorise l’usage du français à travers le monde.
Souvent décriée, réputée difficile à apprendre, voire menacée de disparition, la langue française se porte pourtant bien, voire même très bien : cinquième langue la plus parlée dans le monde, immédiatement derrière l’anglais, le mandarin, l’espagnol et l’arabe. Le nombre de locuteurs du français pourrait même tripler d’ici trois décennies pour passer de 274 millions à 750 millions en 2050, soit près de 9 % de la population mondiale, contre seulement 3,5 % à l’heure actuelle. Selon les prévisions de la banque Natixis, le français pourrait même alors devenir la langue la plus parlée dans le monde!
L’avenir du français passe évidemment par l’Afrique, dont la population devrait exploser pour atteindre 2,5 milliards d’habitants d’ici 2050. Environ 85 % des francophones seront alors Africains, en particulier dans les pays où le français est déjà la langue officielle, tels la Côte d’Ivoire, le Mali ou le Sénégal. Cela implique cependant un investissement massif dans le système d’éducation, qui seul peut permettre au français de rivaliser avec les langues régionales. Selon l’Organisation internationale de la francophonie, le pourcentage d’élèves apprenant en français a plus que triplé en Afrique depuis 1990. Malgré une politique d’arabisation, les pays d’Afrique du Nord ont vu la proportion des enfants scolarisés en français dépasser les 40 %, tandis que tous les cursus scientifiques des universités demeurent uniquement dispensés en français. Ailleurs, l’attrait du français comme langue seconde ne se dément pas. En Chine notamment, les entreprises désireuses de s’implanter en Afrique de l’Ouest se mettent aussi au français, qui est vu comme un facteur de réussite pour y faire des affaires. Au-delà de l’Afrique, on parle français sur les cinq continents : c’est la deuxième langue la plus enseignée au monde, immédiatement derrière l’anglais, la troisième langue dans le monde des affaires et la quatrième sur Internet et les réseaux sociaux. Le français est aussi bien présent dans les organisations internationales : la seule langue en mesure d’y contester le monopole de l’anglais, un sérieux atout pour quiconque souhaitant faire carrière à l’international.
D’où vient alors cette impression tenace au Québec que le français serait une langue minoritaire, condamnée à la marginalité? Sans doute parce qu’on limite notre horizon à l’Amérique du Nord où, il est vrai, les locuteurs du français ne représentent que 6 % de la francophonie mondiale. Les Québécois méconnaissent ainsi à quel point le fait français constitue une fenêtre exceptionnelle sur la coopération internationale et combien les institutions de la francophonie contribuent déjà au rayonnement du Québec. Au fil des ans, ce dernier a ainsi accueilli deux Sommets des chefs d’État et de gouvernements, les Jeux de la Francophonie, le siège de l’Agence universitaire de la Francophonie, l’Institut de la Francophonie pour le développement durable, TV5, le premier Forum mondial de la langue française, l’Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone à l’Université Laval, l’Observatoire de la Francophonie économique à l’Université de Montréal, le Centre FrancoPaix de l’UQAM, le Centre de la francophonie des Amériques et quantité d’organismes et d’associations liant le Québec à la planète francophone.
Le Québec dispose d’atouts précieux pour participer au rayonnement de la francophonie mondiale, notamment en matière d’éducation et de formation à distance, ainsi qu’une solide expertise en matière de protection et de promotion de notre langue commune. Il pourra ainsi soutenir son épanouissement et permettre au français de s’enrichir au fil du XXIe siècle de nombreux mots et de nouveaux accents.
POUR EN SAVOIR PLUS : mnq.quebec/fierte-page/francophonie/ Clément Duhaime, « La francophonie, notre combat pour la diversité du monde », Le Devoir, 6 octobre 2018. Jean-Louis Roy, Quel avenir pour la langue française? Francophonie et concurrence culturelle au XXIe siècle, Montréal, Hurtibise HMH, 2008.