Le Journal de Montreal

Appelons-les les Essentiels

- GUILLAUME ST-PIERRE

« Essentiel », c’est l’expression du jour.

On ne doit sortir que pour effectuer des achats essentiels.

Ne pas vider les tablettes, ne prendre que l’essentiel. Ce qui nous permet de tenir pendant deux semaines.

Seule la présence des employés essentiels est requise au bureau.

Nous avons tous, ou presque, reçu la consigne de notre employeur de rester à la maison.

Plusieurs n’ont pas ce luxe. Ils sont appelés au front.

Je parle de tous ceux dont le service est essentiel.

Les médecins, les infirmiers, le personnel soignant, qui mettent chaque jour leur vie en danger.

Les pompiers, policiers, ambulancie­rs, et j’en passe.

Plusieurs seront frappés d’épuisement ou encore atteints de la maladie.

Dans les hôpitaux, les travailleu­rs de la santé sacrifient la leur pour la nôtre. Le virus trompe les plus sages précaution­s.

Encore hier, un autre médecin québécois a été déclaré positif à la COVID-19.

COURAGE

Il y en a d’autres, aussi, qui ne sont pas nécessaire­ment bardés de diplômes. Qui ne sont pas protégés par de généreuses convention­s collective­s. Qui, s’ils tombent malades, seront peut-être dans la mouise.

Ceux qui nous nourrissen­t, directemen­t ou indirectem­ent, pendant que nous sommes cloîtrés.

Les caissiers dans les supermarch­és, les dépanneurs, les épiceries de quartier.

Les serveuses, les cuisiniers, les livreurs et les camionneur­s.

Des gens comme Kyle, caissier dans un Tigre Géant d’Ottawa, qui ne peut pas se permettre de rester chez lui.

« Je dois payer mes factures, mon loyer, mettre de la nourriture sur la table », partage-t-il avec nous durant sa pause cigarette à l’extérieur du magasin de la région d’Ottawa.

L’homme de 28 ans fait contre mauvaise fortune bon coeur. Il aime bien l’idée de permettre à ses voisins de se procurer le nécessaire.

À quelques pas de là, dans sa petite épicerie, Isaac Farbiasz s’affaire à organiser les commandes de ses clients.

L’épicier de 72 ans a joint ses efforts au poissonnie­r, au boucher et au fromager du coin.

Depuis la semaine dernière, les commerçant­s font des paniers et offrent la livraison à domicile.

M. Farbiasz compte rester en poste aussi longtemps que sa santé le lui permettra.

« Les gens doivent manger ! On se sent responsabl­es de les nourrir. Je nous considère comme étant un service essentiel à ce point-ci », lance-til entre deux commandes.

La crise frappe fort. Beaucoup de Québécois ont déjà perdu leur emploi ou sont confinés à la maison.

Alors santé aux essentiels. Et bon courage.

La crise frappe fort. Beaucoup de Québécois ont déjà perdu leur emploi ou sont confinés à la maison.

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Isaac Farbiasz, un épicier de 72 ans, restera ouvert aussi longtemps que sa santé le lui permettra.
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