Une infirmière se bat pour ravoir son bambin
Les chicanes de garde d’enfants augmenteront
Les mesures sanitaires peuvent créer des tensions familiales en ce temps d’isolement, comme chez une professionnelle de la santé divorcée désirant voir son enfant.
Une infirmière du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, à Montréal, dont on taira le nom, est hors d’elle depuis que son ex-conjoint a refusé de lui ramener leur bambin de 18 mois, jeudi. Celui-ci est en garde partagée, et serait encore allaité.
« Il refuse sous prétexte que je pourrais lui transmettre le coronavirus. Je ne suis même pas en quarantaine ! C’est ridicule », lance-t-elle dans un cri du coeur.
Jeudi, Le Journal rapportait qu’un médecin résident de l’établissement avait été déclaré positif au virus. La mère affirme n’avoir eu aucun contact considérable avec lui. Or, son ex se servirait désormais de cet argument pour ne pas lui rendre l’enfant, à moins qu’elle subisse un examen.
PAS DE SYMPTÔMES
« On avait une entente à l’amiable. Je n’ai jamais passé plus de deux jours sans voir mon garçon », souffle celle qui songe à aller devant le tribunal.
« On ne peut pas se faire dépister si on n’a pas de symptômes », précise-t-elle.
Le père du petit lui reprocherait aussi d’utiliser le transport en commun.
« Comme si les gens qui prennent l’autobus pour un service essentiel ne devraient pas voir leurs enfants », déplore l’infirmière.
L’avocate qui la représente, Leila Kadri, tente de régler ce conflit avant de devoir aller à la cour d’urgence, lundi.
« Il faut aider le plus possible nos “anges gardiens” du système de santé, qui vivent une pression énorme, affirme l’avocate. Ce n’est pas le temps de leur ajouter une détresse émotionnelle. »
« On veut désengorger les hôpitaux, mais il ne faut pas engorger les palais de justice, ajoute-t-elle. C’est inconcevable. »
HAUSSE À PRÉVOIR
Ce cas ne sera pas unique. D’autres devraient éclore prochainement.
« C’est sûr qu’on va avoir un boom de chicanes de famille », estime Me Sylvie Schirm, experte en droit familial.
« Les crises génèrent des tensions et accélèrent les conflits, observe le psychologue Gilles Vachon. Lors de la crise du verglas, on était témoin des plus beaux élans de solidarité, comme des pires comportements de société. »
Même les gens habituellement raisonnables peuvent agir de manière déraisonnable lors d’une pandémie, selon Me Schirm.
« Alors, imaginez les déraisonnables », conclut-elle.