Le Journal de Montreal

Les promesses d’achat sont en chute libre

Le prix des propriétés et le nombre de transactio­ns devraient baisser en 2020

- JEAN-FRANÇOIS CLOUTIER Le Journal de Montréal Le Journal

En pleine haute saison immobilièr­e, les visites de maisons et les promesses d’achat sont en chute libre au Québec à cause de la crainte des clients d’attraper le coronaviru­s, selon plusieurs courtiers contactés par Le Journal.

Alexandre Desrochers, courtier immobilier et patron de Royal LePage Excellence à Saint-Jean-sur-Richelieu, estime que les visites de maisons ont chuté de 25 % à 40 % depuis le début des mesures pour lutter contre la propagatio­n de la COVID-19 au Québec.

« On commence à voir certains clients qui deviennent réticents à ouvrir leurs portes aux visites. Certains clients, dans une faible proportion, ont demandé à mettre leur maison hors marché », dit-il.

GANTS ET DÉSINFECTA­NT

Les promesses d’achat connaissen­t aussi un ralentisse­ment marqué, selon lui. Il dit avoir mis sur pied dans son agence une cellule de crise pour aider son équipe à s’adapter à la situation.

Plusieurs courtiers contactés par

disent avoir développé un protocole strict pour gérer les rares visites qui continuent d’avoir lieu. « Je mets des gants avant d’entrer. J’ai du désinfecta­nt, mes clients n’ont pas le droit de toucher », explique Mélanie Bergeron, courtière sous la bannière Proprio Direct à Saint-Basilele-Grand, qui a banni toute visite libre.

Ses clients qui n’ont absolument pas le choix de vendre ou d’acheter doivent signer, avant les visites, un formulaire qui atteste qu’ils n’ont pas voyagé, n’ont pas de symptômes et ne doivent pas être en isolation.

La situation est d’autant plus préoccupan­te pour les courtiers qu’on est actuelleme­nt en plein coeur de la saison la plus active sur le marché. « Un courtier peut faire 75 % de son année entre février et mai », confie Alexandre Desrochers.

Ce dernier est d’autant plus inquiet que l’année 2019 a été une excellente année pour les courtiers et que certains doivent s’attendre à payer bientôt beaucoup d’impôts comme travailleu­rs autonomes.

« Je suis en quarantain­e avec mes enfants. [...] On limite à presque zéro les contacts physiques », dit Patrice Groleau, courtier et patron de la succursale québécoise d’Engel & Völkers, spécialisé­e dans l’immobilier de luxe.

PRIX À LA BAISSE

« Il y a du monde qui va sortir de l’industrie de façon hallucinan­te. Ça va écrémer l’industrie [...]. Le nombre de courtiers va être en chute libre », prédit-il. Lui-même dit dépenser 3 millions $ par année en coûts fixes et étudier ses options avec ses financiers.

« Aucun nouveau dossier à être notarié avant le 15 avril 2020 ne pourra être accepté par notre étude », a écrit cette semaine le groupe Bessette Notaires à des courtiers.

La baisse des taux d’intérêt annoncée par plusieurs banques est un coup de pouce qui normalemen­t stimule les prix des maisons. Mais à cause d’une chute importante du nombre de transactio­ns, le prix des propriétés devrait baisser cette année, a prédit cette semaine l’Associatio­n profession­nelle des courtiers du Québec (APCQ).

Pour donner un répit à ses membres, l’Organisme d’autoréglem­entation du courtage immobilier du Québec (OACIQ) a retardé au 15 juin la date limite pour payer le permis d’exercice des courtiers.

 ?? PHOTO BEN PELOSSE ?? Alexandre Desrochers, propriétai­re de l’agence Royal LePage Excellence à Saint-Jean-sur-Richelieu, espère que la crise de la COVID-19 ne s’éternisera pas.
PHOTO BEN PELOSSE Alexandre Desrochers, propriétai­re de l’agence Royal LePage Excellence à Saint-Jean-sur-Richelieu, espère que la crise de la COVID-19 ne s’éternisera pas.

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