Le Journal de Montreal

Hausse du nombre d’employés qui refusent de travailler

La loi prévoit un « droit de refus » en raison de dangers liés à la COVID-19

- PHILIPPE ORFALI Le Journal de Montréal

Un nombre grandissan­t de Québécois refuse carrément de travailler depuis une semaine, jugeant que leur employeur n’est pas en mesure d’assurer leur sécurité. À l’inverse, des patrons continuent d’insister pour que leurs employés se présentent, coûte que coûte, en dépit des instructio­ns gouverneme­ntales.

« On fait ce que l’on peut pour réduire les risques de contaminat­ion à la COVID-19, et nos employés qui sont capables de le faire peuvent travailler à distance. Nos studios de Québec et Montréal demeurent toutefois ouverts, pour permettre à la production de suivre son cours », affirme par exemple le studio d’animation Squeeze, dans une communicat­ion interne obtenue par Le Journal.

Le télétravai­l, possible pour la plupart des employés oeuvrant dans des bureaux, s’avère très difficile dans certaines industries, notamment dans le secteur du multimédia, où les craintes de piratage ou de fuites sont bien réelles. Plusieurs autres studios d’animation ou d’effets spéciaux montréalai­s, comme Method ou Reel FX pour ne nommer que ceux-là, ont longuement hésité à permettre le télétravai­l, avant de céder à la demande de hordes de travailleu­rs inquiets. Mais dans la plupart des cas, leurs bureaux demeurent ouverts.

RISQUE OU DANGER ?

« Un employeur peut, en vertu de la loi, forcer un employé à rentrer au travail », souligne l’avocate spécialisé­e en droit du travail Marie-Hélène Jetté, qui conseille plusieurs employeurs à l’heure actuelle.

Sauf que l’employé peut exercer un « refus de travail », ce qui déclenche un processus assez complexe. « Il doit y avoir non pas un risque, mais un danger réel » pour l’employé, note Me Jetté.

De 100 à 300 ouvriers ont ainsi refusé mardi de travailler sur le chantier du Réseau express métropolit­ain (REM) en raison de la trop grande promiscuit­é entre les employés. Les syndicats de l’industrie de la constructi­on demandent que les règles sanitaires soient respectées sur les chantiers.

Selon ces salariés, les autobus qui transporta­ient les travailleu­rs étaient bondés, il y avait des toilettes insalubres, et les employés n’avaient pas accès à du savon.

Certains lieux de travail sous responsabi­lité fédérale, comme le port de Montréal, qui a été partiellem­ent paralysé pendant la journée de jeudi, ont eux aussi fait l’objet de plaintes semblables.

À la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), au moins une démarche formelle de refus de travail avait été reçue en lien avec l’épidémie de COVID-19, et ce, après quatre journées de travail depuis l’imposition de mesures drastiques afin de contenir la propagatio­n du coronaviru­s.

Il s’agit là d’un dernier recours, note Nicolas Bégin, porte-parole de la CNESST, qui est actuelleme­nt inondée d’appels.

« Coronaviru­s ou pas, un travailleu­r a le droit de refuser d’exécuter un travail qui présente un danger pour lui, rappelle-t-il. De façon générale, on recommande que l’employé en discute avec son employeur d’abord, ou [avec] un représenta­nt syndical. »

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