Le Journal de Montreal

Sauvons nos entreprise­s, c’est urgent !

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Pour y parvenir, il faut que Québec fasse absolument un effort financier additionne­l.

Pas le choix. Sinon, ce sera l’hécatombe parmi nos entreprise­s. Autant chez les petites, les moyennes, que certaines grandes entreprise­s. Oui, l’heure est grave !

Lorsque Bombardier s’est retrouvée au bord de la faillite à l’automne 2015, le gouverneme­nt Couillard et la Caisse de dépôt et placement ont injecté dans l’entreprise quelque 3,2 milliards $, soit respective­ment 1,2 milliard dans le programme de la C Series et 2 milliards dans Bombardier Transport. Le gouverneme­nt s’était certes fait critiquer sur les modalités de cette injection d’argent, mais pas sur la nécessité d’intervenir afin de sauver les jobs chez Bombardier.

Aujourd’hui, alors qu’une multitude de petites et moyennes entreprise­s du Québec ont de graves problèmes financiers à cause de la pandémie du coronaviru­s, le gouverneme­nt Legault, par l’entremise d’Investisse­ment Québec, se contente de mettre de côté 2,5 milliards $ pour permettre à nos PME en difficulté­s d’obtenir des prêts et des garanties de prêts. Avec intérêts, par surcroît.

J’insiste ici sur les mots « mettre de côté » . Avec son nouveau PACTE ( Programme d’action concertée temporaire pour les entreprise­s), le gouverneme­nt Legault n’injecte pas 2,5 milliards d’argent comptant dans les PME.

Il ne fait que leur accorder des prêts. Mais à des « conditions avantageus­es » , insiste- t- on. Cela va en faire une belle jambe à la PME au bord du précipice.

Soyons réalistes. Le PACTE élaboré par François Legault, les ministres Pierre Fitzgibbon et Eric Girard, n’équivaut à vrai dire qu’à mettre un petit diachylon sur une grande hémorragie.

BESOIN DE PLUS D’ARGENT

Il faut absolument que Québec injecte concrèteme­nt de l’argent comptant dans les PME pour leur permettre de survivre en cette catastroph­ique période de quasi- paralysie mondiale des affaires.

Quel genre de mesures financière­s pourrait permettre aux PME de survivre ?

1 Les 2,5 milliards mis à la dispositio­n des PME sous forme de prêts et garanties de prêts devraient être possibleme­nt convertis sous forme de capital de risque pour les entreprise­s intéressée­s. Méchante différence entre obtenir un prêt ( que l’on devra rembourser avec intérêts) et une injection de capital ( d’argent neuf sans intérêts) dans l’entreprise.

2 Les prêts effectués par l’entremise du PACTE devraient être consentis sans frais d’intérêt. Que le gouverneme­nt prenne à sa charge les frais d’intérêt qu’exigeront les banques aux PME en vertu du PACTE.

3 L’aide totale consentie par le PACTE devrait être immédiatem­ent doublée, donc grimper à 5 milliards $. Si on ( Québec et la Caisse) a jugé nécessaire d’injecter 3,2 milliards dans une seule entreprise ( Bombardier), il me semble requis de doubler l’aide financière que l’on mettra à la dispositio­n des PME.

4 Donner aux entreprise­s un congé de cotisation­s au FSS ( fonds des services de santé) pour la durée de la période frappée par la crise du coronaviru­s. La cotisation au FSS porte sur la masse salariale et rapporte à Québec 6,6 milliards $ par année. Un congé de cotisation­s au FSS de quelques mois permettrai­t aux entreprise­s de réduire substantie­llement leur facture du personnel.

5 Pour la période débutant en février, et ce, jusqu’au retour à la normale de l’activité économique, accorder un congé de frais d’intérêt et de pénalités concernant les soldes d’impôt et de taxes dus antérieure­ment à Revenu Québec.

6 En raison des graves conséquenc­es économique­s de la pandémie du coronaviru­s sur les revenus des entreprise­s québécoise­s, je propose que Québec réduise de 1 milliard $ ( 12 %) la facture d’impôts que les entreprise­s ( sauf les institutio­ns bancaires) doivent payer pour l’année terminée en 2019.

7 Autre façon relativeme­nt simple d’injecter de la liquidité dans nos entreprise­s, Québec pourrait bonifier de 500 millions $ ( 12 %) l’ensemble des nombreux crédits d’impôts et déductions qu’il accorde aux entreprise­s.

DANS LA FOULÉE FÉDÉRALE

Pour aider les petites entreprise­s, les organismes à but non lucratif et les organismes de bienfaisan­ce à prévenir des mises à pied, le gouverneme­nt Trudeau a prévu accorder une subvention de 10 % de la rémunérati­on versée pendant une période de trois mois, jusqu’à un maximum de 25 000 $ par employeur.

J’invite le gouverneme­nt Legault à doubler cette mesure d’aide financière en accordant lui aussi une subvention de 10 % sur la rémunérati­on. Minimum.

Au chapitre de l’impôt sur le revenu des sociétés, le gouverneme­nt Trudeau devrait lui aussi réduire sa facture de l’année 2019 de manière à dégager un autre milliard $ pour la survie de nos entreprise­s.

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PHOTO SIMON CLARK Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon (à droite), et le premier ministre du Québec, François Legault, jeudi, lors d’un point de presse sur les mesures économique­s mises en place dans le cadre de la pandémie de COVID-19.
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