Sauvons nos entreprises, c’est urgent !
Pour y parvenir, il faut que Québec fasse absolument un effort financier additionnel.
Pas le choix. Sinon, ce sera l’hécatombe parmi nos entreprises. Autant chez les petites, les moyennes, que certaines grandes entreprises. Oui, l’heure est grave !
Lorsque Bombardier s’est retrouvée au bord de la faillite à l’automne 2015, le gouvernement Couillard et la Caisse de dépôt et placement ont injecté dans l’entreprise quelque 3,2 milliards $, soit respectivement 1,2 milliard dans le programme de la C Series et 2 milliards dans Bombardier Transport. Le gouvernement s’était certes fait critiquer sur les modalités de cette injection d’argent, mais pas sur la nécessité d’intervenir afin de sauver les jobs chez Bombardier.
Aujourd’hui, alors qu’une multitude de petites et moyennes entreprises du Québec ont de graves problèmes financiers à cause de la pandémie du coronavirus, le gouvernement Legault, par l’entremise d’Investissement Québec, se contente de mettre de côté 2,5 milliards $ pour permettre à nos PME en difficultés d’obtenir des prêts et des garanties de prêts. Avec intérêts, par surcroît.
J’insiste ici sur les mots « mettre de côté » . Avec son nouveau PACTE ( Programme d’action concertée temporaire pour les entreprises), le gouvernement Legault n’injecte pas 2,5 milliards d’argent comptant dans les PME.
Il ne fait que leur accorder des prêts. Mais à des « conditions avantageuses » , insiste- t- on. Cela va en faire une belle jambe à la PME au bord du précipice.
Soyons réalistes. Le PACTE élaboré par François Legault, les ministres Pierre Fitzgibbon et Eric Girard, n’équivaut à vrai dire qu’à mettre un petit diachylon sur une grande hémorragie.
BESOIN DE PLUS D’ARGENT
Il faut absolument que Québec injecte concrètement de l’argent comptant dans les PME pour leur permettre de survivre en cette catastrophique période de quasi- paralysie mondiale des affaires.
Quel genre de mesures financières pourrait permettre aux PME de survivre ?
1 Les 2,5 milliards mis à la disposition des PME sous forme de prêts et garanties de prêts devraient être possiblement convertis sous forme de capital de risque pour les entreprises intéressées. Méchante différence entre obtenir un prêt ( que l’on devra rembourser avec intérêts) et une injection de capital ( d’argent neuf sans intérêts) dans l’entreprise.
2 Les prêts effectués par l’entremise du PACTE devraient être consentis sans frais d’intérêt. Que le gouvernement prenne à sa charge les frais d’intérêt qu’exigeront les banques aux PME en vertu du PACTE.
3 L’aide totale consentie par le PACTE devrait être immédiatement doublée, donc grimper à 5 milliards $. Si on ( Québec et la Caisse) a jugé nécessaire d’injecter 3,2 milliards dans une seule entreprise ( Bombardier), il me semble requis de doubler l’aide financière que l’on mettra à la disposition des PME.
4 Donner aux entreprises un congé de cotisations au FSS ( fonds des services de santé) pour la durée de la période frappée par la crise du coronavirus. La cotisation au FSS porte sur la masse salariale et rapporte à Québec 6,6 milliards $ par année. Un congé de cotisations au FSS de quelques mois permettrait aux entreprises de réduire substantiellement leur facture du personnel.
5 Pour la période débutant en février, et ce, jusqu’au retour à la normale de l’activité économique, accorder un congé de frais d’intérêt et de pénalités concernant les soldes d’impôt et de taxes dus antérieurement à Revenu Québec.
6 En raison des graves conséquences économiques de la pandémie du coronavirus sur les revenus des entreprises québécoises, je propose que Québec réduise de 1 milliard $ ( 12 %) la facture d’impôts que les entreprises ( sauf les institutions bancaires) doivent payer pour l’année terminée en 2019.
7 Autre façon relativement simple d’injecter de la liquidité dans nos entreprises, Québec pourrait bonifier de 500 millions $ ( 12 %) l’ensemble des nombreux crédits d’impôts et déductions qu’il accorde aux entreprises.
DANS LA FOULÉE FÉDÉRALE
Pour aider les petites entreprises, les organismes à but non lucratif et les organismes de bienfaisance à prévenir des mises à pied, le gouvernement Trudeau a prévu accorder une subvention de 10 % de la rémunération versée pendant une période de trois mois, jusqu’à un maximum de 25 000 $ par employeur.
J’invite le gouvernement Legault à doubler cette mesure d’aide financière en accordant lui aussi une subvention de 10 % sur la rémunération. Minimum.
Au chapitre de l’impôt sur le revenu des sociétés, le gouvernement Trudeau devrait lui aussi réduire sa facture de l’année 2019 de manière à dégager un autre milliard $ pour la survie de nos entreprises.