Le Journal de Montreal

Montréal fantôme

Le message du gouverneme­nt commence à passer à Montréal où plusieurs immeubles sont presque vides

- FRANCIS HALIN -Avec la collaborat­ion de Geneviève Quessy.

Le centre-ville de Montréal avait des airs de film post-apocalypti­que, hier midi, tellement ses artères et ses magasins normalemen­t bondés étaient abandonnés.

« Je n’ai jamais vu ça désert comme ça. Même à trois heures du matin, il y a plus de monde que ça », a confié, sonné, le balayeur de rue Sébastien, qui habite pourtant au coeur de l’action, à l’angle des rues Sainte-Catherine et Saint-Denis.

« Quand on sort du travail, on a l’impression qu’il est quatre heures du matin parce que c’est désert », a ajouté Anabel Bourgeault, gérante du restaurant Omnivore rue Saint-Denis, qui survit en ce moment grâce aux plats à emporter en soirée.

À la Place Montréal Trust, à deux pas de là, plus de 90 % des magasins étaient fermés hier, a confirmé un employé. Et les seuls encore ouverts trouvaient le temps bien long.

« On perd de la nourriture chaque jour. On perd facilement plus de 1000 $ par jour avec la nourriture, le loyer et les employés, a soupiré le gérant du Basha, Malek. Parfois, je prends la nourriture à la fin de la journée et je la donne aux sans-abri », a-t-il lancé.

PAS DE FERMETURE

Au Centre Eaton régnait le même air d’abandon. Sans les quelques gardiens de sécurité, le centre habituelle­ment bondé de monde était... mort.

Or, même si une poignée de commerces demeurent ouverts, pas question de fermer le centre, a précisé la porte-parole d’Ivanhoé Cambridge, Katherine Roux Groleau.

« Nos centres demeurent ouverts pour le moment. Nous restons informés et sommes prêts à mettre en place les directives spécifique­s des agences de santé publique et des autorités gouverneme­ntales pour lutter contre la propagatio­n », a-t-elle souligné.

Même chose pour Cominar, qui possède 18 centres commerciau­x, dont Place Longueuil et la Place Alexis Nihon : on ne s’avance pas sur d’éventuelle­s fermetures malgré la crise.

« Tous nos centres ont des commerçant­s de services de première nécessité tels qu’épiceries ou pharmacies, alors nous ne prévoyons la fermeture d’aucun de nos centres », a insisté sa VP talent et organisati­on, Sandra L’Écuyer.

AU NORD ET AU SUD

Sur la Rive-Sud, le stationnem­ent des Promenades Saint-Bruno, où l’on a l’habitude de devoir se battre pour avoir une place, était aussi boudé par ses clients.

Sur l’autre rive au nord de la rivière des Mille Îles, une ambiance de fin du monde flottait dans l’air.

Les portes étaient ouvertes à Place Rosemère et dans quelques commerces du Carrrefour Boisbriand, mais les clients manquaient à l’appel.

Olivier, vendeur au Centre Hi-Fi du Carrefour Boisbriand, disait n’avoir jamais vu un si bas achalandag­e. « On a 90 % moins de monde qu’un samedi normal. La plupart des lundis sont plus occupés que ça. »

PLEIN AIR

Seule exception hier, après une semaine de quarantain­e éprouvante, familles et joggeurs avaient choisi d’aller s’oxygéner au parc du Mont-Royal.

À son pied, sur l’avenue Mont-Royal, il n’y avait pas foule, mais les marcheurs se faisaient moins rares qu’au centrevill­e pour se retrouver en petits groupes.

« On veut encourager les commerçant­s locaux », a confié Annie Gérin, professeur­e à l’UQAM, croisée à une table du restaurant Ahi Poke, en ces temps troubles.

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2. Des allées totalement vides au Centre Eaton. 3. À la Place Montréal Trust, plus de
90 % des commerces étaient fermés.
PHOTOS AGENCE QMI, JOËL LEMAY 1. Un silence de cathédrale régnait sur les marches désertes de la Place des Arts. 2. Des allées totalement vides au Centre Eaton. 3. À la Place Montréal Trust, plus de 90 % des commerces étaient fermés.

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