Montréal fantôme
Le message du gouvernement commence à passer à Montréal où plusieurs immeubles sont presque vides
Le centre-ville de Montréal avait des airs de film post-apocalyptique, hier midi, tellement ses artères et ses magasins normalement bondés étaient abandonnés.
« Je n’ai jamais vu ça désert comme ça. Même à trois heures du matin, il y a plus de monde que ça », a confié, sonné, le balayeur de rue Sébastien, qui habite pourtant au coeur de l’action, à l’angle des rues Sainte-Catherine et Saint-Denis.
« Quand on sort du travail, on a l’impression qu’il est quatre heures du matin parce que c’est désert », a ajouté Anabel Bourgeault, gérante du restaurant Omnivore rue Saint-Denis, qui survit en ce moment grâce aux plats à emporter en soirée.
À la Place Montréal Trust, à deux pas de là, plus de 90 % des magasins étaient fermés hier, a confirmé un employé. Et les seuls encore ouverts trouvaient le temps bien long.
« On perd de la nourriture chaque jour. On perd facilement plus de 1000 $ par jour avec la nourriture, le loyer et les employés, a soupiré le gérant du Basha, Malek. Parfois, je prends la nourriture à la fin de la journée et je la donne aux sans-abri », a-t-il lancé.
PAS DE FERMETURE
Au Centre Eaton régnait le même air d’abandon. Sans les quelques gardiens de sécurité, le centre habituellement bondé de monde était... mort.
Or, même si une poignée de commerces demeurent ouverts, pas question de fermer le centre, a précisé la porte-parole d’Ivanhoé Cambridge, Katherine Roux Groleau.
« Nos centres demeurent ouverts pour le moment. Nous restons informés et sommes prêts à mettre en place les directives spécifiques des agences de santé publique et des autorités gouvernementales pour lutter contre la propagation », a-t-elle souligné.
Même chose pour Cominar, qui possède 18 centres commerciaux, dont Place Longueuil et la Place Alexis Nihon : on ne s’avance pas sur d’éventuelles fermetures malgré la crise.
« Tous nos centres ont des commerçants de services de première nécessité tels qu’épiceries ou pharmacies, alors nous ne prévoyons la fermeture d’aucun de nos centres », a insisté sa VP talent et organisation, Sandra L’Écuyer.
AU NORD ET AU SUD
Sur la Rive-Sud, le stationnement des Promenades Saint-Bruno, où l’on a l’habitude de devoir se battre pour avoir une place, était aussi boudé par ses clients.
Sur l’autre rive au nord de la rivière des Mille Îles, une ambiance de fin du monde flottait dans l’air.
Les portes étaient ouvertes à Place Rosemère et dans quelques commerces du Carrrefour Boisbriand, mais les clients manquaient à l’appel.
Olivier, vendeur au Centre Hi-Fi du Carrefour Boisbriand, disait n’avoir jamais vu un si bas achalandage. « On a 90 % moins de monde qu’un samedi normal. La plupart des lundis sont plus occupés que ça. »
PLEIN AIR
Seule exception hier, après une semaine de quarantaine éprouvante, familles et joggeurs avaient choisi d’aller s’oxygéner au parc du Mont-Royal.
À son pied, sur l’avenue Mont-Royal, il n’y avait pas foule, mais les marcheurs se faisaient moins rares qu’au centreville pour se retrouver en petits groupes.
« On veut encourager les commerçants locaux », a confié Annie Gérin, professeure à l’UQAM, croisée à une table du restaurant Ahi Poke, en ces temps troubles.