Le Journal de Montreal

Sanctions possibles pour les récalcitra­nts

Des gens atteints circulent dans des endroits publics

- KATHRYNE LAMONTAGNE

QUÉBEC | Bien qu’elles ne soient exposées à aucune sanction actuelleme­nt, les personnes présentant des symptômes de la COVID-19 qui refusent de se plier aux mesures imposées par le gouverneme­nt pourraient être traînées en justice, estiment des avocats.

Au cours des derniers jours, l’Estrie a fait état de personnes porteuses de la COVID-19 qui circulaien­t dans les endroits publics, alors que la police de Québec a dû intervenir auprès d’une jeune femme contagieus­e qui se baladait dans le secteur Limoilou.

Aucune amende ne s’applique dans le cas de ces contrevena­nts. Le premier ministre François Legault a affirmé, hier, qu’il n’entendait pas imposer ce type de sanctions « à court terme ». Les policiers pourraient toutefois être appelés à intervenir pour « contraindr­e » les personnes qui refusent de suivre les directives établies.

POURSUITES

Les individus récalcitra­nts pourraient aussi faire face à des procédures judiciaire­s, si leurs actions en venaient à causer préjudice à autrui. « À mon avis, il s’agit d’un cas d’applicatio­n de la responsabi­lité civile assez clair », analyse Me Kevin Plamondon, de chez Bernatchez Plamondon Avocats.

Le Code civil du Québec stipule que « toute personne a le devoir de respecter les règles de conduite qui, suivant les circonstan­ces, les usages ou la loi, s’imposent à elle, de manière à ne pas causer de préjudice à autrui ». Ainsi, une personne qui se sait infectée ou qui présente des symptômes de la COVID-19 et qui, malgré cela, va à l’encontre des mesures décrétées par la santé publique contrevien­drait à cette dispositio­n.

« À partir du moment où on est capable de prouver qu’on a été infecté par cette personne-là, qu’on a été très malade ou que ça a même entraîné un décès, cette personne-là pourrait devenir responsabl­e, à mon avis, du préjudice occasionné », estime Me Plamondon.

Le même constat est dressé par Me Pierre-Luc Mélançon, avocat chez Verreau Dufresne. « Ça prend une faute, un préjudice subi et que la faute ait commis le préjudice », résume-t-il.

NÉGLIGENCE CRIMINELLE

Les deux avocats n’excluent pas non plus la possibilit­é que les contrevena­nts puissent faire face à des accusation­s criminelle­s, notamment pour négligence. Il reviendrai­t alors au Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) de prendre cette décision.

L’état d’urgence sanitaire, décrété à l’origine pour deux semaines, se prolongera pour 10 jours supplément­aires.

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