Le Journal de Montreal

Solidarité dans la plus grande banque alimentair­e au pays

Des personnes nouvelleme­nt en congé prêtent main-forte à Moisson Montréal

- DOMINIQUE CAMBRON-GOULET

« Les gens n’arrêtent pas d’avoir faim en temps de crise », illustre Richard Daneau, directeur général de Moisson Montréal. Heureuseme­nt, il observe un « énorme élan de solidarité » depuis le début de la pandémie de la COVID-19.

« Je me suis dit que tant qu’à être deux semaines à la maison, pourquoi ne pas aider. Plein de familles comptent sur cette nourriture pour finir le mois », souligne Kim, étudiante au collège André-Grasset.

Elle et son amie Charlotte se sont portées volontaire­s pour faire des paniers de nourriture mercredi dernier, après avoir vu un appel à l’aide dans les médias.

Richard Daneau, qui gère la plus grande banque alimentair­e au Canada, est soulagé de cette réponse rapide de la population.

« La semaine dernière, j’ai eu peur quand le gouverneme­nt a demandé aux entreprise­s de faire du télétravai­l. Les deux tiers de notre bénévolat viennent de ce milieu », indique-t-il.

Santé publique oblige, il doit aussi se passer de ses bénévoles de plus de 70 ans, ainsi que d’une vingtaine de jeunes qui sont en réinsertio­n sociale.

« On a rapidement fait des appels à l’aide et il y a un énorme élan de solidarité », rapporte-t-il.

BEAUCOUP DE NOUVEAUX

« On a beaucoup de personnes en congé forcé comme des étudiants et des professeur­s », témoigne la responsabl­e des bénévoles, Axelle Delaplace.

C’est la situation de Mélissa et Fabrice, un couple de professeur­s du milieu universita­ire. « Mon travail est arrêté. J’ai mon salaire et plusieurs de mes activités ne peuvent pas être faites à distance, alors on en profite pour aider », a expliqué Mélissa lors de sa première journée, vendredi.

C’était aussi un début pour Hike Kifi, qui prend du temps sur son congé parental pour venir prêter main-forte. « Au lieu de rester à la maison, les gens qui le peuvent devraient en profiter pour aider les gens qui sont dans le besoin », pense-t-il.

Une vingtaine de nouveaux bénévoles, comme eux, se faisaient former sur les nouvelles règles d’hygiène lors de notre visite. « Lavez-vous les mains régulièrem­ent et ne portez pas vos mains à votre visage », précise Mme Delaplace.

À l’entrée d’ailleurs, tous les visiteurs et bénévoles doivent signer une feuille qui garantit qu’ils n’ont pas de symptômes, qu’ils ne reviennent pas de voyage et qu’ils ne vivent pas avec des personnes dans ces situations, après s’être lavé les mains, bien entendu.

MOINS DE DENRÉES

La semaine dernière, alors que les Québécois dévalisaie­nt les épiceries, Moisson Montréal a vu ses denrées venant du commerce de détail baisser de 50 %. Sur tous les aliments qu’ils reçoivent dans une semaine, cela représente une baisse de 7-8 %, estime Richard Daneau.

« Ce n’est pas assez pour crier au loup. On va sûrement vivre des soubresaut­s, mais on pense que ce qu’on a vécu comme surconsomm­ation la semaine dernière, c’est anecdotiqu­e, juge-t-il. On écoute les experts qui disent que la chaîne bioaliment­aire ne sera pas affectée. »

 ?? PHOTOS DOMINIQUE CAMBRON-GOULET ?? 1. Richard Daneau, directeur général de Moisson Montréal, note un afflux de nouveaux bénévoles à sa banque alimentair­e depuis le début de la crise du coronaviru­s. 2. Mélissa et Fabrice, deux professeur­s en congé forcé, sont venus prêter main-forte.
3. Une affiche indique clairement les règles d’hygiène à l’entrée.
PHOTOS DOMINIQUE CAMBRON-GOULET 1. Richard Daneau, directeur général de Moisson Montréal, note un afflux de nouveaux bénévoles à sa banque alimentair­e depuis le début de la crise du coronaviru­s. 2. Mélissa et Fabrice, deux professeur­s en congé forcé, sont venus prêter main-forte. 3. Une affiche indique clairement les règles d’hygiène à l’entrée.

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