Le Journal de Montreal

Comment composer avec un état mental déréglé ?

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je suis la mère d’une fille unique qui m’a causé bien du souci tout au long de sa vie. Mais depuis quelque temps, son comporteme­nt dépasse l’entendemen­t. Ma fille a 50 ans et est mère d’une adolescent­e de 15 ans qu’elle élève seule, vu que le père a lancé la serviette quand il a réalisé à quel point elle était invivable. Je dois cependant préciser qu’il voit sa fille régulièrem­ent, ce qui fait beaucoup de bien à cette enfant, et qu’il a toujours assumé ses responsabi­lités financière­s envers elle.

Ces deux-là s’étaient rencontrés dans une période où ma fille faisait une thérapie et qu’elle était sous médication. C’était donc difficile de la voir sous son vrai jour. Et comme ils étaient en amour fou l’un et l’autre, que ma fille voyait cet homme comme un sauveur, ils se sont lancés dans l’aventure de fonder une famille et ma fille est tombée enceinte.

Avec la grossesse, ma fille s’est crue guérie de son mal mental et a cessé tout traitement. C’est après l’accoucheme­nt que les choses se sont gâtées véritablem­ent. Ce garçon se rendait bien compte du malaise créé par ses sautes d’humeur et ses états d’âme allant de l’euphorie la plus extrême à des colères tout aussi extrêmes. Et le pauvre a bien tenté de la suivre dans ses délires. Mais il n’a pu tenir le coup. Sans compter qu’elle s’est remise à consommer alcool et marijuana, comme autrefois, quand elle tentait de me convaincre que ça l’aidait à stabiliser son humeur.

J’en arrive à mon point principal. Ma fille n’a que moi comme relation stable dans la vie, car son père est décédé il y a dix ans. Mon ex-gendre voit sa fille et la soutient, mais évite la mère au maximum. Je suis donc la seule personne pivot dans la vie de ma fille, mais je suis épuisée. Je suis triste aussi de la voir se comporter avec sa fille comme une enfant, au point qu’on dirait les rôles inversés.

J’aimerais trouver un moyen de la forcer à consulter, mais elle refuse net quand j’aborde le sujet. Je suis déménagée près de chez elle pour avoir un oeil sur ma petite-fille, qui l’apprécie d’ailleurs. Elle a développé une force inouïe pour accompagne­r sa mère, mais m’a avoué qu’elle trouvait cela parfois dur à supporter. Heureuseme­nt, elle va à l’école, où elle s’éclate littéralem­ent. Mais que pourrais-je faire de plus ? Les prendre toutes les deux avec moi ?

Une mère perdue et triste

Si des raisons économique­s vous obligent à poser le geste de prendre votre fille sous votre toit, je serais mal placée pour vous dire de ne pas le faire. Mais si tel n’est pas le cas, je serais portée à vous dire de garder une distance entre elle et vous. Avec ce type de personne, il faut se préserver des plages de repos mental pour ne pas s’engluer dans leur tourbillon.

Votre petite-fille me semble solide et équilibrée malgré le climat familial, et l’important est de la suivre de près, pas de remplacer sa mère dans sa vie. Les enfants sont plus forts qu’on ne le pense et dans des familles où la maladie mentale frappe un des parents, ils ont des antennes qui leur permettent de développer des modes de survie surprenant­s.

Quant à votre fille, vous ne pouvez malheureus­ement pas la forcer à rien en ce qui concerne sa santé, si ce n’est lui suggérer des avenues qu’elle empruntera si elle le veut bien. Par contre, il faut toujours veiller à ce qu’elle ne vous manque pas de respect. En terminant, je vous suggère de communique­r avec FFAPAMM, la Fédération des familles et des amis de la personne atteinte de maladie mentale pour obtenir des conseils : 1-855-CRAQUER (272-7837).

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