Un deuil pour Brent Aubin
L’ex-joueur de la LHJMQ et sa famille ont dû quitter l’Allemagne de façon précipitée
Brent Aubin fait partie des nombreux joueurs de hockey qui ont appris la fin prématurée de leur saison en Europe, en pleine pandémie de COVID-19. Le Québécois a encaissé le coup en plus d’apprendre que les Grizzly Adams de Wolfsburg, où il a écoulé les sept dernières saisons en première division allemande, ne renouvelleront pas son contrat. « En trois jours, il a fallu paqueter sept années de nos vies dans des boîtes et disparaître », a-t-il résumé.
Dans le contexte sanitaire actuel, les adieux pour lui et sa famille ont été aussi expéditifs que douloureux.
L’ancienne gloire des Remparts, avec lesquels il a soulevé la coupe Memorial au printemps 2006, a regagné Mirabel jeudi soir, où il vit en isolement depuis.
« La plus jeune de mes trois filles n’avait jamais vu de neige de sa vie en Allemagne. Quand elle a vu ça, ce matin [vendredi], elle voulait aller dehors. On a vite commandé des bottes et un habit de neige par internet ! » a glissé le hockeyeur de 33 ans.
L’anecdote fait sourire, mais rappelle du même coup à quel point les habitudes de vie du clan Aubin étaient devenues bien ancrées en Allemagne, après huit ans dans ce pays, qui figure parmi les plus éprouvés dans le monde avec autour de 21 000 cas recensés de COVID-19.
DURS MOMENTS
Aux côtés de sa douce moitié rencontrée durant une partie de son stage junior chez les Huskies, ainsi que de ses trois filles âgées de 5 à 11 ans, les derniers jours se sont avérés pour Aubin un rocambolesque tourbillon d’émotions.
« Tout allait bien, je me préparais à débuter les séries et ça aurait été mon 400e match (en ligue élite allemande). Puis, tout a déboulé. Finie la saison, fini le contrat, les écoles qui ferment et les mesures de confinement qui ont débuté.
« On ne pouvait plus voir personne en Allemagne pour dire au revoir ou se faire une soirée d’adieux. Les filles ont grandi à Wolfsburg, leurs amis sont tous là. Elles étaient en pleurs et on n’a pas trop dormi. Tout ce qui se passe en si peu de temps, c’est un gros choc. Avec la fin du contrat et la crise actuelle, les sept années qui s’envolent, on trouve ça triste pas mal », a-t-il confié au bout du fil.
Si les émotions ont été vives sur le plan personnel, elles l’ont été tout autant d’un point de vue professionnel. Le club était dirigé par
Pat Cortina, un Montréalais avec qui Aubin avait tissé des liens.
« Nos enfants allaient à la même école, donc on se croisait tous les jours, même en dehors du hockey. On parlait ensemble en français. Ce n’était pas sa décision de me libérer, et il trouve ça dur lui aussi. Il a eu de très bons mots pour moi », a-t-il raconté.
NOUVEAU DÉFI
Celui qui aura 34 ans en juin se retrouve maintenant devant l’inconnu. Quatre autres équipes en Allemagne lui ont signalé de l’intérêt, de même que deux en Autriche et une en Suisse. Difficile dans le contexte de pandémie actuel, toutefois, de prédire l’avenir.
« Je suis emballé comme joueur de hockey d’avoir l’opportunité de vivre un nouveau défi, mais pour l’instant, les équipes n’osent pas s’engager. Les marchés de hockey européens sont morts en ce moment. Plusieurs ne savent pas à quel point ils vont se remettre sur pied avec des pertes énormes au niveau des commandites. Personne ne veut se commettre.
« C’est bien plate, mais en même temps, il y a des choses pas mal plus importantes dans la vie que le hockey, surtout en ce moment », a philosophé malgré tout celui qui a terminé au deuxième rang de son équipe, la saison dernière, avec une récolte de 14 buts.