Le Journal de Montreal

L’économie bombardée

- JOSEPH FACAL

Si on ne sort pas, on dépense moins. Si on dépense moins, des commerces meurent.

Si des commerces meurent, des milliers de gens perdent leur emploi. C’est un engrenage automatiqu­e.

On estime que 47 % des Canadiens ont du mal à payer leurs factures dès que leur paie est retardée de… sept jours.

Imaginez leur angoisse. Ce n’est pas le temps de les blâmer.

PRUDENCE ?

Nos gouverneme­nts annoncent donc des mesures d’urgence.

Le gouverneme­nt Trudeau vient d’engager 82 milliards $ : 27 milliards $ en aide directe aux entreprise­s et aux travailleu­rs, et 55 milliards $ en reportant à plus tard le paiement de sommes dues.

Ce n’est qu’un début. Remontons maintenant dans le temps.

Lors du premier budget Morneau-Trudeau, en mars 2016, le déficit annoncé de près de 30 milliards $ était trois fois plus élevé que prévu.

On demanda alors à Ottawa : n’estce pas imprudent ? Et si un imprévu frappait ?

On nous répondit : il faut stimuler l’économie.

On demanda : aurez-vous un plan de retour à l’équilibre budgétaire ? Vous ferez des déficits pendant combien d’années ?

On nous répondit : ne vous inquiétez pas, tous les signaux se mettront au vert.

L’important, disait-on, est que la croissance économique puisse supporter un endettemen­t accru.

Le deuxième budget fédéral ? Encore un déficit et pas de plan de retour à l’équilibre.

Mais s’il fallait que quelque chose arrive ?

Faites confiance à Bill et à Justin ! Le troisième budget fédéral ? Encore un déficit et pas de plan de retour à l’équilibre.

Mais s’il fallait que quelque chose arrive ?

Faites confiance à Bill et à Justin ! Le quatrième budget fédéral ? Encore un déficit et pas de plan de retour à l’équilibre.

Mais s’il fallait que quelque chose arrive ?

Faites confiance à Bill et à Justin ! Forcément, la dette fédérale augmentait, augmentait, augmentait, pendant que les provinces ramaient pour équilibrer leurs comptes.

Le Centre sur la productivi­té et la prospérité de HEC Montréal, après tous les ajustement­s comptables, estime à 56,6 milliards $ les déficits accumulés entre 2015 et 2018.

Le mois dernier, Ottawa prévoyait un déficit de 26,6 milliards $ pour 2019-2020 et de 28,1 milliards $ pour 2020-2021.

Et c’était avant cette bombe atomique tombée sur notre économie qu’est la COVID-19.

Justin est allé au casino avec notre argent.

CASINO

Vous allez me dire que personne n’avait prévu ce virus.

Primo : pas exactement. Dès 2018, l’OMS disait que ce n’était pas si, mais quand, et que nous n’étions pas prêts.

Deuxio : par définition, la prudence, la prévoyance, c’est justement de garder en tête que l’imprévu peut surgir à tout moment.

Des tas d’économiste­s disaient déjà à Trudeau que ses dépenses inconsidér­ées, qui alourdissa­ient la dette, étaient une injustice à l’endroit des génération­s futures qui ramasserai­ent la facture.

Plus la dette augmente, plus les intérêts sur celle-ci augmentent, forçant des coupes ou des hausses d’impôts.

Et c’était avant la paralysie économique et les dépenses de secours exigées par la COVID-19 !

Justin est allé au casino avec notre argent…

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