Gros test à Ottawa
C’est à partir d’aujourd’hui que se joue la crédibilité de la réponse fédérale à la crise de la COVID-19.
Ottawa a passé les dernières semaines à développer à toute vitesse des programmes d’aide aux millions de nouveaux chômeurs.
On saura dans les prochaines heures si le paquebot fédéral saura naviguer entre les icebergs dressés sur son chemin.
Si tout se déroule comme prévu, les premiers chèques de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) de 2000 $ par mois seront versés avant vendredi.
LE VRAI TEST
Le gouvernement Trudeau joue gros, particulièrement au Québec. On a jugé ici plus sévèrement qu’ailleurs au pays sa gestion de la crise.
Mais les libéraux ont tranquillement repris du galon aux yeux des Québécois, selon un sondage Léger diffusé cette semaine.
Si le gouvernement Trudeau a d’abord été lent au démarrage, il s’est repris en annonçant une foule de programmes d’aide, sans regarder à la dépense.
La population et les entreprises cherchaient à être rassurées par un gouvernement prêt à tout pour prévenir un effondrement de l’économie et de notre niveau de vie.
Avec un peu de retard, Ottawa a répondu à l’appel et a précisé ses mesures.
Mais le vrai test commence. Annoncer des dizaines de milliards en aide directe aux travailleurs est une chose. S’assurer que l’argent soit versé en temps opportun à ceux qui en ont besoin constitue une tâche logistique colossale.
Déjà que plusieurs s’impatientent, avec raison, en particulier les entreprises.
Le gouvernement fédéral possède d’importants moyens, mais il n’est pas réputé pour sa rapidité d’action. Ottawa n’est pas non plus considéré comme étant à l’avant-garde en matière de technologie informatique.
Vous vous souvenez du fiasco du système de paie Phénix ? Cette catastrophe informatique n’est toujours pas réglée après quatre ans et coûtera des milliards à réparer.
Les libéraux seront aussi jugés sur leur rapidité à ajuster le tir. Ottawa a élargi le filet social, mais plusieurs passent toujours à travers les mailles. Ces oubliés ont été des centaines à nous écrire pour nous raconter leurs déboires.
Justin Trudeau jure qu’il y travaille.
Ottawa a élargi le filet social, mais plusieurs passent toujours à travers les mailles.
ENDETTEMENT DES MÉNAGES
Les Canadiens ont aussi intérêt à se regarder dans le miroir. Les ménages canadiens sont parmi les champions de la dette dans le monde industrialisé.
« Le recours au crédit est certes indispensable à notre train de vie moderne, mais, ces dernières années, il est devenu une source de préoccupation croissante », a déclaré en 2018 dans un discours le grand patron de la Banque du Canada, Stephen Poloz.
Avant la crise, le taux d’endettement des Québécois était inférieur à la moyenne canadienne.
Une fois le confinement levé, nous serons encouragés à dépenser pour relancer l’économie. Espérons tout de même que la pandémie nous poussera à mieux réfléchir à l’épargne afin de parer les coups futurs.
Les contribuables s’attendent généralement à ce que nos gouvernements vivent selon leurs moyens. La même logique vaut pour les ménages.
« Put your money where your mouth is », comme disent les Anglais.