Le Journal de Montreal

CHSLD : notre point faible

- MARIO DUMONT

Quand une force démesurée est appliquée sur un système, c’est le point le plus faible qui lâche. C’est vrai en mécanique. C’est vrai pour le corps humain : face à un trop grand stress, chaque personne a un point faible qui flanche. Pour certains, c’est le dos, pour d’autres, c’est le système digestif.

Une pandémie frappe le Québec et impose un choc énorme au système de santé. Le point faible a lâché : les CHSLD. Pouvons-nous vraiment faire semblant d’être surpris ? Est-ce que quelqu’un peut vraiment se lever au Québec et feindre d’ignorer que les CHSLD représente­nt un maillon faible ?

LES BAINS, LES PATATES

Il y a peu de temps, on peinait à donner les bains aux patients. Au fil des ans, on avait coupé sur l’hygiène et la qualité de la nourriture. On a failli faire des célébratio­ns nationales lorsque les patates en poudre ont disparu.

On a offert aux préposés qui prennent soin de nos aînés les plus bas salaires de tout le secteur public et parapublic : 13 $, 14 $ l’heure avec de très faibles possibilit­és d’avancement. Avouons que nos gouverneme­nts n’ont pas mis la chance du côté du recrutemen­t et de la stabilité de la main-d’oeuvre. Surtout qu’il s’agit d’un travail difficile.

La coroner Godin, qui avait enquêté sur un décès l’an dernier à la Résidence Herron, avait constaté les failles. Son rapport affirme que le personnel ne savait pas comment réagir dans la situation d’une personne qui s’étouffe. Cela donne une idée de la faiblesse de la formation. Cela nous donne aussi une idée de leur incapacité à gérer les procédures complexes visant à éviter la propagatio­n d’un virus.

Samedi dernier, le premier ministre a assumé le coup. Avec humilité et franchise. Il ne peut pas porter le blâme pour un problème de société qui traîne depuis tant d’années. Mais il doit prendre la responsabi­lité pour un manque de préparatio­n évident de cette branche de notre système de santé. Et il s’adonne qu’il s’agit de l’endroit où se trouve la population la plus vulnérable.

Les mesures annoncées arrivent avec un peu de retard, mais elles pourraient permettre de circonscri­re les problèmes. La visite des 2600 résidences du Québec pourrait servir à recenser d’autres sites à problème. L’équipe d’experts pourra améliorer les procédures si elle travaille assez vite.

SOLUTIONS

Le gouverneme­nt comme les partis d’opposition promettent maintenant de faire une priorité absolue de l’améliorati­on des conditions de vie dans les CHSLD. Je suppose que le traumatism­e qu’aura créé cette crise aura pour effet de provoquer un réel changement cette fois-ci.

Le problème, c’est qu’il faut des bras IMMÉDIATEM­ENT. Et en quantité ! Le renfort promis par le gouverneme­nt n’arrive pas sur le terrain. Peutêtre parce que plusieurs ont peur de rentrer dans des milieux infectés.

Deux choix s’offrent. La conscripti­on d’enseignant­s ou autres employés du secteur public disponible­s. Risque de bataille syndicale ? Ou le recours à l’armée : des milliers de personnes discipliné­es, efficaces, disponible­s sur appel. Les heures comptent.

C’est le maillon faible d’une chaîne qui casse. Ignorions-nous que les CHSLD constituai­ent le point faible de notre système de santé ?

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