Québec envisage l’aide de l’armée dans les CHSLD
1250 travailleurs manquent à l’appel dans ces résidences
Le manque « de bras » est tel dans les CHSLD du Québec que le premier ministre François Legault envisage de recourir aux Forces armées canadiennes pour faire face à la crise.
« La situation s’est beaucoup détériorée dans les dernières semaines. On compte aujourd’hui 1250 employés, juste dans les CHSLD, qui sont absents, a révélé M. Legault lors de son point de presse quotidien hier. Soit qu’ils sont infectés, soit qu’ils ont la crainte d’être infectés, ou toute autre raison […]. »
La vague appréhendée de patients atteints du coronavirus dans les services de soins intensifs des hôpitaux ne s’est pas matérialisée. Le virus a plutôt frappé dans les CHSLD et autres résidences pour aînés.
Depuis plus d’une semaine, les récits d’horreur s’accumulent. « Peut-être qu’on ne s’attendait pas à autant de personnes infectées », a reconnu le premier ministre, qui ajoute qu’on « n’arrivera pas, malheureusement, à sauver tout le monde ».
À ses côtés, la ministre de la Santé,
Danielle McCann, a qualifié la situation de « tragédie humaine ».
D’ailleurs, 41 résidences pour aînés considérées comme étant « plus critiques » sont désormais sous surveillance, pour éviter de nouveaux dérapages comme ceux survenus à la résidence Herron.
De plus, Québec publiera quotidiennement, à compter d’aujourd’hui, la liste des établissements, parmi les 2600 au Québec, où la situation est plus inquiétante.
APPEL À TOUS
Devant cette grave pénurie de personnel, François Legault a lancé un « appel à tous » hier.
Médecins et infirmières retraités, enseignants en sciences infirmières, entreprises d’économie sociale spécialisées en soins aux patients : « On a besoin de vous autres dans les CHSLD », dit-il.
Certains proches aidants pourront également venir en aide au personnel, à compter de demain. « Ce sont des gens qui allaient régulièrement, avant la pandémie, offrir soit de l’alimentation, de l’hydratation ou de l’hygiène », a expliqué le directeur national de la santé publique, Horacio Arruda.
Les membres de la famille des résidents et autres visiteurs, par contre, sont toujours interdits d’accès et doivent éviter de mettre de la pression sur les établissements, dit le Dr Arruda. « […] si c’est la cohue, on va devoir reculer et nous serons tous perdants », fait-il valoir.
DISCUSSIONS AVEC OTTAWA
La situation est si critique que le premier ministre étudie avec Ottawa la possibilité de recourir aux Forces armées canadiennes.
« Nous leur demandons combien de personnes avec une expertise en soins de santé peuvent nous être envoyées, mais nous sommes encore en discussion avec eux », a commenté François Legault, en anglais.
Lors de son propre point de presse, le premier ministre Justin Trudeau a reconnu que plusieurs provinces demandent de l’aide d’Ottawa pour leurs résidences pour aînés.
Certaines aimeraient obtenir des fonds pour bonifier le salaire des travailleurs dans ces établissements, comme le Québec l’a fait.
« À ce que je [sache], il n’y a pas eu de demande encore pour l’armée canadienne », dit M. Trudeau.