Des pertes estimées à 9000 milliards $ dans le monde
Le PIB mondial devrait se contracter de 3 % cette année, selon le FMI
WASHINGTON | (AFP) Environ 9000 milliards de dollars de perte cumulée pour l’économie mondiale en 2020 et 2021 à cause de la pandémie.
« C’est davantage que les économies du Japon et de l’Allemagne combinées », a asséné hier Gita Gopinath, l’économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI). Pour l’heure, le FMI table sur une contraction du PIB mondial de 3 % cette année, a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse virtuelle détaillant les dernières perspectives économiques mondiales.
Mais cette crise qui « ne ressemble à aucune autre » pourrait aussi entraîner une récession bien plus sévère si les mesures de confinement ne sont pas levées d’ici la fin juin et si l’activité économique ne reprenait pas au second semestre, a-t-elle prévenu.
PLUS SÉVÈRE QU’EN 2009
« L’incertitude est considérable », « élaborer des prévisions, très difficile », a-telle admis. Mais « il est très probable que cette année, l’économie mondiale connaîtra sa pire récession depuis la Grande Dépression », a-t-elle également avancé.
Ce sera peut-être moins pire que dans les années 1930, quand le PIB mondial a chuté de 10 %, mais bien plus sévère qu’en 2009 (-0,1 %) suivant la crise financière, a-t-elle précisé.
« Cette crise représente une menace très grave pour la stabilité du système financier mondial », a estimé de son côté Tobias Adrian, conseiller financier du FMI, notant l’extrême volatilité des marchés, redoutant une « période prolongée de dislocation sur les marchés financiers [qui] pourrait déclencher une détresse parmi les institutions financières ».
125 000 MORTS
Hier, la COVID-19 avait fait plus de 125 000 morts et presque 2 millions de personnes avaient reçu un diagnostic dans 193 pays et territoires depuis le début de l’épidémie, selon les chiffres de l’Université Johns Hopkins hier soir.
Dans un effort pour endiguer la pandémie, les gouvernements se sont résolus à confiner leur population, fermer les commerces non essentiels, réduire drastiquement le trafic aérien, paralysant des pans entiers de l’économie.
En conséquence, le commerce international s’est effondré : le Fonds prévoit ainsi une baisse de 11 % du volume d’échange de biens et services en 2020.
Alors que dans les crises économiques habituelles, les décideurs s’efforcent de dynamiser aussi vite que possible l’activité économique en stimulant la demande, cette fois, « la crise est dans une large mesure la conséquence des mesures de confinement nécessaires », relève Gita Gopinath.
« LAISSER DES TRACES »
Pour les pays avancés, la récession devrait atteindre 6,1 %.
Aux États-Unis, où il y a peu de filet de sécurité sociale et où le système de santé est défaillant, la contraction du PIB devrait être de 5,9 %. « La récession est profonde [...] Elle va laisser des traces » dans la première économie du monde, a prévenu Gita Gopinath.
Dans la zone euro, le PIB va même dégringoler de 7,5 %. Dans la zone Amérique latine et Caraïbes, la récession sera à peine moins marquée (-5,2 %).
Pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, le FMI table sur une baisse du PIB de 2,8 %.