Le Journal de Montreal

Hydro dépense des millions $ pour sauver son projet dans le Maine

La pandémie provoque une intense fièvre protection­niste en territoire américain

- PHILIPPE ORFALI

La COVID-19 et ses contrecoup­s rattrapent Hydro-Québec aux États-Unis alors qu’un référendum sur le projet de ligne Québec-Maine a été autorisé lundi, en pleine montée du protection­nisme.

Les premiers mois de Sophie Brochu à la tête de la société d’État s’annoncent chargés. Pour la première fois, Hydro-Québec est contrainte de prendre part à une campagne référendai­re, les adversaire­s du projet New England Clean Energy Connect (NECEC) ayant réussi à forcer la tenue d’un vote sur cet enjeu.

La campagne est compliquée par la COVID-19. « C’est un vent contraire pour Hydro-Québec. Tous les producteur­s locaux vont essayer de conserver leurs marchés [et] on constate qu’il y a un sentiment isolationn­iste qui naît aux ÉtatsUnis », observe l’ex-délégué commercial d’Hydro-Québec Internatio­nal Yvan Cliche.

« Dans les dernières semaines, on a tous appris que dépendre de [partenaire­s étrangers] pouvait avoir des conséquenc­es fâcheuses », ajoute le chercheur au Centre d’études et de recherches internatio­nales de l’Université de Montréal (CÉRIUM).

CAMPAGNE DE PUB DE 9,5 M$

Le NECEC, une ligne d’une longueur de 233 kilomètres, est évalué à un milliard de dollars américains (un peu moins de 1,4 G$ CA). Ce devait être le contrat le plus important d’Hydro à ce jour.

La société d’État ne ménagera aucun moyen, d’ici aux élections de novembre, pour que son projet aille de l’avant, a indiqué hier la porte-parole Lynn St-Laurent.

« Il revient aux gens du Maine de déterminer la meilleure marche à suivre », dit-elle.

Pour les convaincre, Hydro-Québec a consacré en trois mois pas moins de 2 millions de dollars américains (2,8 M$ CA) en publicités dans les médias locaux. Un comité financé par son partenaire Central Maine Power a quant à lui englouti plus de 5 millions $ US (près de 7 millions $ CA) au premier trimestre, après avoir dépensé 2,3 M$ US (un peu moins de 3,2 M$ CA) au cours des derniers mois de 2019.

Pour M. Cliche, le principal argument de la société d’État demeure le fait que son énergie soit propre. « Les États du nord-est se sont donné des objectifs ambitieux de réduction des gaz à effet de serre. Malgré la COVID-19, l’élan est trop fort pour reculer, selon moi. »

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PHOTO COURTOISIE Le tracé de la ligne à haute tension qui pourrait être construite dans le Maine dans le cadre du New England Clean Energy Connect (NECEC). Si ce projet se concrétise, une ligne à haute tension sera aussi bâtie en territoire québécois.

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