Hydro dépense des millions $ pour sauver son projet dans le Maine
La pandémie provoque une intense fièvre protectionniste en territoire américain
La COVID-19 et ses contrecoups rattrapent Hydro-Québec aux États-Unis alors qu’un référendum sur le projet de ligne Québec-Maine a été autorisé lundi, en pleine montée du protectionnisme.
Les premiers mois de Sophie Brochu à la tête de la société d’État s’annoncent chargés. Pour la première fois, Hydro-Québec est contrainte de prendre part à une campagne référendaire, les adversaires du projet New England Clean Energy Connect (NECEC) ayant réussi à forcer la tenue d’un vote sur cet enjeu.
La campagne est compliquée par la COVID-19. « C’est un vent contraire pour Hydro-Québec. Tous les producteurs locaux vont essayer de conserver leurs marchés [et] on constate qu’il y a un sentiment isolationniste qui naît aux ÉtatsUnis », observe l’ex-délégué commercial d’Hydro-Québec International Yvan Cliche.
« Dans les dernières semaines, on a tous appris que dépendre de [partenaires étrangers] pouvait avoir des conséquences fâcheuses », ajoute le chercheur au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CÉRIUM).
CAMPAGNE DE PUB DE 9,5 M$
Le NECEC, une ligne d’une longueur de 233 kilomètres, est évalué à un milliard de dollars américains (un peu moins de 1,4 G$ CA). Ce devait être le contrat le plus important d’Hydro à ce jour.
La société d’État ne ménagera aucun moyen, d’ici aux élections de novembre, pour que son projet aille de l’avant, a indiqué hier la porte-parole Lynn St-Laurent.
« Il revient aux gens du Maine de déterminer la meilleure marche à suivre », dit-elle.
Pour les convaincre, Hydro-Québec a consacré en trois mois pas moins de 2 millions de dollars américains (2,8 M$ CA) en publicités dans les médias locaux. Un comité financé par son partenaire Central Maine Power a quant à lui englouti plus de 5 millions $ US (près de 7 millions $ CA) au premier trimestre, après avoir dépensé 2,3 M$ US (un peu moins de 3,2 M$ CA) au cours des derniers mois de 2019.
Pour M. Cliche, le principal argument de la société d’État demeure le fait que son énergie soit propre. « Les États du nord-est se sont donné des objectifs ambitieux de réduction des gaz à effet de serre. Malgré la COVID-19, l’élan est trop fort pour reculer, selon moi. »