BON50 e RÉJEAN
Cinquante ans à griffonner son calepin de Saint-David-de-Falardeau aux quatre coins du globe, à questionner les plus grands athlètes, à pianoter sur un clavier les histoires émanant des Jeux olympiques, du grand cirque de la F1, des grands combats de boxe, des internationaux de tennis et des péripéties du Canadien. Impossible de passer sous silence ce fait d’armes hors du commun d’un pilier du métier.
Réjean Tremblay souligne ses noces d’or en journalisme professionnel, aujourd’hui. C’est à l’âge de 67 ans, à l’été 2011, qu’il a traversé du quotidien La Presse, après 37 ans de carrière, au Journal de
Montréal. Une grande décision mûrie au bout de la troisième offre.
Durant cinq décennies, le reporter et chroniqueur a été un témoin privilégié de la scène sportive, tant à l’échelle nationale qu’internationale. Il a raconté les plus grands exploits, les pires tragédies, les tristes sagas, les sommets et les déchéances avec émotion, véracité et sincérité. Il a toujours su captiver son lectorat avec sa façon unique de livrer un récit.
AMOUREUX DE LA LANGUE FRANÇAISE
Grand défenseur du fait français, l’homme de 75 ans n’a jamais laissé sa place dans la sphère publique québécoise. Son style direct, ses opinions tranchées et son franc-parler ont écorché plus d’un athlète, entraîneur ou dirigeant au fil des ans. Et malgré tout, il a réussi à attirer leur respect.
Jacques Villeneuve, champion du monde de Formule 1 en 1997, a dit de lui dans un hommage qu’il admirait ses « prises de position assumées parce qu’il y a trop de gens qui deviennent politiquement corrects. Ce qui est honteux, nul et inutile. Le journalisme neutre est ennuyeux. Réjean a pris des positions, et heureusement ».
Dans la bataille quotidienne qu’il livrait à l’époque avec ses rivaux des médias de Montréal, Réjean a décrit les conquêtes de la coupe Stanley du Canadien, à l’époque où les défilés étaient une coutume. Quand l’« Organisation » la gagnait plus souvent qu’au quart de siècle !
LA BONNE VOIE
Il a livré des entrevues songées avec les grands champions ayant marqué l’histoire, dont son idole Muhammad Ali. Il a aussi versé dans la politique et les arts. Et pour rendre hommage à une autre idole, il a pèleriné vers Graceland pour honorer Elvis.
Ceux qui le côtoient peuvent témoigner de sa sensibilité et de sa bienveillance. Des qualités qui se cachent sous sa couenne ayant épaissi durant 50 ans de métier.
Dire que son patron l’avait placé devant le dilemme d’une couverture du Canadien ou de la politique municipale de Jean Drapeau...
Nul doute, il a choisi la bonne voie. Celle qui lui a fait connaître le monde avant de l’ouvrir à ses lecteurs. Et à le voir besogner, sa mission n’est pas terminée parmi les jeunes loups.