« C’est le président qui décide »
Bras de fer entre Donald Trump et le gouverneur de New York sur le déconfinement
WASHINGTON | (AFP) « C’est le président des États-Unis qui décide ! » Déterminé à être le grand ordonnateur du déconfinement des États-Unis, Donald Trump semble prêt à aller au conflit avec les gouverneurs, au risque de créer la confusion chez les Américains.
Avec les premiers signaux encourageants face à la COVID-19, liés à la stabilisation du rythme des contaminations, le débat a vite basculé sur les moyens de « rouvrir le robinet » tout en gardant un oeil sur un éventuel redémarrage de l’épidémie.
Le milliardaire républicain, qui est resté muet sur le calendrier qu’il a en tête, doit en principe annoncer mardi la composition de son « Comité sur la réouverture de notre pays ». S’il a assuré que ni sa fille Ivanka ni son gendre Jared Kushner n’en feraient partie, les contours et les objectifs de cette nouvelle structure restent entourés du plus grand flou.
Pour l’heure, sa volonté de prendre toutes les décisions depuis la MaisonBlanche, après avoir pendant des semaines souligné la responsabilité des gouverneurs dans les carences face à la pandémie, suscite de vives tensions.
« Quand quelqu’un est président des États-Unis, l’autorité est totale [...] Les gouverneurs le savent », a-t-il martelé lundi soir lors d’un point de presse au cours duquel il s’est montré particulièrement vindicatif.
RÉPLIQUE
La réponse d’Andrew Cuomo, gouverneur de New York, a été vive.
« La position du président est tout simplement absurde. Ce n’est pas ce que dit la loi. Ce n’est pas ce que dit la Constitution. Nous n’avons pas un roi, nous avons un président », a-t-il lancé hier matin sur CNN.
« Cuomo appelle tous les jours, même toutes les heures, pour réclamer de tout », a réagi le président sur Twitter. « J’ai tout fait pour lui, et pour les autres, et maintenant on dirait qu’il veut son Indépendance ! Cela ne se passera pas comme ça ! »
Le locataire de la Maison-Blanche peut certes donner le ton, fixer un cap, mais le système fédéral accorde aux gouverneurs des 50 États le pouvoir de prendre les mesures obligatoires de confinement ou de déconfinement.
À ce jour, Donald Trump n’a d’ailleurs
fait qu’émettre des recommandations de distanciation sociale jusqu’à fin avril.
« Le président n’a aucune autorité légale pour passer outre les décisions de confinement prises au niveau des États ou rouvrir les écoles et les petits commerces », soulignait sur Twitter Stephen Vladeck, professeur de droit à la University of Texas. « Aucune disposition constitutionnelle ne lui confère une telle autorité ».
Depuis plusieurs jours, sur les deux côtes des États-Unis, les gouverneurs se regroupent pour esquisser des réponses coordonnées.
À l’est, New York, le New Jersey, le Connecticut, le Rhode Island, le Massachusetts, le Delaware et la Pennsylvanie. À l’ouest, la Californie, l’Oregon et Washington.
Désireux de marquer son territoire, Andrew Cuomo s’est fait encore plus explicite sur le poids qu’il accorderait une éventuelle injonction présidentielle.
« S’il me donnait l’ordre de rouvrir d’une manière qui mettrait en danger la santé publique dans mon État, je ne le ferais pas », a-t-il déclaré, estimant que cela
engendrerait un combat devant les tribunaux que les États-Unis ne peuvent se permettre dans le contexte actuel.
PLANS DE TRANSITION
Augmentation massive des tests, mesures de confinement spécifiques aux plus de 65 ans, réouverture progressive pour certains commerces : tous les gouverneurs préparent leurs plans de transition.
Et la plupart d’entre eux rappellent inlassablement une vérité dure à accepter : le nouveau coronavirus, qui cause la maladie COVID-19, n’aura pas disparu à la fin du confinement. Une grande majorité de la population l’aura évité et restera donc susceptible d’être contaminée, tant qu’il n’y aura pas de vaccin.
« Ce sera une réouverture par étapes », martèle Andrew Cuomo. « Il n’y a pas d’interrupteur. Ce n’est pas binaire ».
Hier, la ville de New York a répertorié 3778 décès « probables » du coronavirus, qui s’ajoutent aux 6589 cas confirmés, pour un bilan total de 10 367 morts.