Les brasseurs ont de la broue dans le toupet
L’avenir est « incertain » pour plusieurs d’entre eux
Ça joue du coude dans l’industrie de la bière au Québec. Le nombre de brasseries a doublé depuis 2014, alors que les ventes ont reculé de 2,9 %. En raison de la COVID-19, l’avenir est incertain pour plusieurs.
Selon Bière Canada, qui a dévoilé hier sa mise à jour des tendances de l’industrie, la fermeture des bars et des restaurants en raison de la pandémie minera les finances des brasseries. L’annulation des festivals et des événements sportifs aura aussi un impact dans leur portefeuille.
« Personne ne voit cela d’un bon oeil. Les compagnies espèrent que cela reprenne à l’été », indique Marie-Ève Myrand, directrice générale de l’Association des microbrasseries du Québec (AMBQ).
« C’est sûr qu’on craint des fermetures. On ne veut pas y penser, mais on ne peut pas exclure cette possibilité », poursuit-elle.
En l’espace de six ans, le nombre d’entreprises brassant des affaires dans le domaine du houblon au Québec est passé de 120 à 240, ce qui a accentué la bataille pour les parts de marché, alors que les ventes ont diminué.
Par ailleurs, en plus de la fermeture des restaurants, les brasseries pourraient bientôt devoir jongler avec un manque de bouteilles en raison de la mise sur « pause » de la collecte dans les épiceries et les dépanneurs.
L’ENJEU DES BOUTEILLES
À la fin mars, en raison de la forte demande, le fondateur de Sleeman Breweries, John Sleeman, avait dit au Financial Post qu’il n’avait « pas assez de bouteilles pour faire fonctionner ses usines à des niveaux normaux ».
Selon le directeur général de l’Association des brasseurs du Québec, Patrice Léger Bourgoin, le manque de bouteilles pourrait effectivement devenir un enjeu au Québec à la mi-mai si la collecte ne reprend pas. Il est d’avis que les canettes pourraient toutefois, au besoin, répondre à la demande.
« C’est certain que les microbrasseries sont plus exposées à un manque de bouteilles en raison de leur inventaire », répond M. Léger Bourgoin.
Récemment, le PDG de l’entreprise Les Brasseurs du Nord/Bière Boréale ne cachait pas son inquiétude au sujet de l’approvisionnement des bouteilles.
« Nous nous sommes fait dire que nos commandes d’avril allaient être honorées. Après, il ne pouvait rien confirmer », raconte Sébastien Paradis.