La CAQ laisse la culture à Ottawa
Il y a de quoi se griser lorsqu’à trois, en plein midi et sans talents particuliers d’acteur, on bat à plates coutures les cotes d’écoute de District 31.
Mais on court aussi le risque de se griser de paroles. Nos trois « vedettes » du midi, qu’on dirait les seules à la tâche au gouvernement de la CAQ, ne pourront nous faire oublier que l’après-crise risque d’être plus douloureuse que la crise ellemême.
Le premier ministre François Legault a réuni une cellule de crise composée de 20 proches qu’il consulte chaque jour.
Il a confié la planification de l’après-crise à quatre ministres dont la première préoccupation est l’économie. Il ne pourrait en être autrement puisqu’à l’exception de Jean Boulet, avocat, les trois autres sont des nerds de la finance et des affaires.
En campagne électorale et durant sa première année au pouvoir, la CAQ a si peu parlé de culture que je croyais la ministre Nathalie Roy en hibernation. Quelques jours avant la pause dans laquelle nous sommes plongés, le ministre des Finances Éric Girard a annoncé une augmentation de 12,4 % du budget de la culture. En plus de quelques millions pour la musique, le budget accordait 20 millions $ de plus par an à la SODEC, fer de lance du ministère de la Culture.
DES MESURES INSIGNIFIANTES
Que retiendront de ce réveil culturel de la CAQ les quatre mousquetaires de Legault ? Peu de choses si j’en juge par les mesures insignifiantes qu’a mises en place jusqu’ici madame Roy. Elle a déclaré, par exemple, que les contrats d’artiste signés avant la pause seront honorés, mais elle n’a pas dit par qui.
Au moment de la pause, les théâtres ont annulé leurs spectacles en cours avant d’annuler ceux à venir jusqu’à la fin de la saison. Les théâtres d’été ont suivi. Si rien n’est fait pour les aider à éponger les pertes encourues, certains disparaîtront et d’autres tireront le diable par la queue durant des années.
La SODEC accorde des délais à tous ses requérants. La belle affaire ! La SODEC évaluera aussi si les subventions déjà versées pour des événements qui ont été annulés devront être remboursées. Le ministère de madame Roy et le Conseil des arts et des lettres du Québec plancheraient aussi sur un plan de relance. Croisons les doigts !
PENDANT CE TEMPS À OTTAWA
Si rien n’est fait pour les aider à éponger les pertes encourues, certains [théâtres] disparaîtront et d’autres tireront le diable par la queue durant des années.
Pendant que Québec tergiverse, Ottawa aidera par sa prestation d’urgence la plupart des artistes et artisans, et subventionnera à hauteur de 75 % les salaires des entreprises culturelles. Les subventions déjà accordées par Patrimoine Canada n’auront pas à être remboursées. Téléfilm et le Fonds des médias devraient prendre en charge les dépassements budgétaires occasionnés par la crise. Et le Conseil des arts du Canada versera 60 millions de dollars en paiements anticipés. Voilà des gestes concrets.
La ministre Nathalie Roy réfléchirait-elle sur l’importance de la culture si elle savait que le Conseil des arts de Toronto a alloué 1000 $ à chaque artiste torontois dont les revenus sont affectés par la pandémie ? Si je lui rappelais que la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique a créé un fonds d’aide de 2 millions $ et que le méchant Netflix a donné 500 000 $ à l’Union des artistes ?
Madame la ministre, vous auriez grand intérêt à sortir de votre silence.