Le Journal de Montreal

Du ring à une maison de retraite

L’ancien boxeur Renan St-Juste est devenu gardien en raison de la pandémie

- Mathieu Boulay MBoulayJDM

En raison de la fermeture temporaire du gymnase dont il est le propriétai­re, un ancien boxeur a décidé de faire son effort de guerre en donnant de son temps à une résidence pour personnes âgées située dans la couronne nord de Montréal.

Renan St-Juste a reçu une communicat­ion d’une amie. Celle-ci cherchait une personne de façon urgente pour donner un coup de pouce dans une maison pour retraités où plusieurs résidents sont atteints de l’Alzheimer pendant la période de confinemen­t liée à la COVID-19.

« Je lui ai dit que je pourrais envoyer un message sur ma page Facebook pour l’aider, raconte St-Juste lors d’une conversati­on téléphoniq­ue. Personne ne répondait à son appel. J’ai donc décidé de me porter volontaire. »

Dimanche, il s’est donc pointé à son nouveau lieu de travail. Hier, il en était à son troisième quart de travail.

« Ma principale fonction est d’empêcher certains résidents qui sont un peu plus malades de sortir de leurs chambres, explique-t-il. Lorsqu’ils sortent, je dois les raccompagn­er par mesure préventive.

« Je m’assure aussi que le personnel leur apporte leur nourriture. C’est nécessaire parce que certains patients oublient d’en faire la demande ou ils ne se souviennen­t pas qu’ils n’ont pas mangé. »

DE LA PSYCHOLOGI­E

Durant ses quarts de travail, St-Juste aime discuter avec les résidents. Il prend le temps de les écouter.

« Étant donné qu’ils n’ont pas de visite, ils n’ont pas grand-chose à faire, soulignet-il. Par exemple, lundi, j’ai fait des mots croisés avec l’un d’eux.

« Dans mon quotidien, je travaille beaucoup avec les jeunes. Les patients, à l’âge qu’ils sont rendus, sont comme des jeunes. Il y a une façon de leur parler pour leur faire comprendre le message. »

En l’espace de quelques jours, l’ancien pugiliste est déjà parvenu à créer des liens avec plusieurs personnes de l’endroit. C’est pour cette raison qu’on lui demande de revenir tous les jours.

« Les dirigeants m’ont félicité pour la façon avec laquelle je m’adresse aux résidents. Je ne le fais vraiment pas pour l’argent. Je suis disponible et je sais que j’apporte du positif à ces gens. »

SON GYMNASE EN PAUSE

Comme tous les autres propriétai­res de gymnase, St-Juste a été obligé de fermer les portes du sien, le Club de boxe 35, en raison de la pandémie de la COVID-19 qui s’est installée au Québec.

Une pause qui fera très mal à son budget.

« J’ai fait la demande pour obtenir la prestation canadienne d’urgence, mentionne-t-il au sujet de l’entreprise qu’il a fondée en 2006. Mon gymnase est très grand et les 2000 $ ne couvrent même pas la moitié de mon loyer.

« Pour les autres programmes gouverneme­ntaux qui pourraient me donner un coup de pouce, mon comptable est en train de les regarder. Je ne sais encore à quoi je pourrais avoir droit. On va devoir s’asseoir avec le propriétai­re de notre édifice pour savoir ce qu’on fait avec les sommes impayées durant cette pause.

« De toute façon, même si les gyms étaient encore ouverts, il n’y aurait pas beaucoup de gens qui les fréquenter­aient. Je ne suis pas inquiet pour la suite des choses. On va s’en sortir. »

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Renan St-Juste mène une forme de combat nouvelle pour lui.
PHOTO D’ARCHIVES Renan St-Juste mène une forme de combat nouvelle pour lui.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada