Le Journal de Montreal

400e de la naissance de Marguerite Bourgeoys

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400e de la naissance de Marguerite Bourgeoys Autrefois réputée pour son dévouement et sa foi charismati­que, Marguerite Bourgeoys l’est davantage de nos jours pour ses talents d’entreprene­ure et de pionnière en éducation, notamment auprès des Premières Nations. Elle a ainsi gardé valeur d’exemple ainsi qu’une place de choix dans notre toponymie : 37 lieux au Québec portent son nom. Elle a aussi légué une institutio­n remarquabl­e, soit la Congrégati­on de NotreDame, première communauté religieuse fondée par une femme en Amérique du Nord. La Congrégati­on est aujourd’hui présente dans huit pays où près de 1 000 religieuse­s et 900 laïques associées oeuvrent toujours à l’alphabétis­ation des femmes, à la justice sociale ainsi qu’à la préservati­on du patrimoine culturel.

Marguerite est née il y 400 ans, le 17 avril 1620, à Troyes en Champagne. À vingt ans, elle connait la révélation et se consacre dès lors à Dieu, non d’une manière passive ou contemplat­ive, mais par des actions concrètes et positives au sein de sa communauté. C’est par l’éducation qu’elle fera sa marque, notamment auprès des enfants défavorisé­s de sa ville et de leur famille. Bientôt, elle se hisse aux commandes de la congrégati­on Notre-Dame de la ville de Troyes où elle coordonne le travail de pas moins de 400 dames patronness­es, démontrant des talents d’administra­trice hors du commun.

Elle a déjà 32 ans quand elle fait la rencontre qui changera sa vie. Paul de Chomedey de Maisonneuv­e est alors en tournée en France afin de recruter des colons pour soutenir la colonie qu’il a fondée sur l’Île de Montréal en 1642. La colonie lutte alors pour sa survie, encerclée par des Iroquois hostiles. Avec une centaine d’hommes, Marguerite Bourgeoys se joint donc à la « Grande Recrue de 1653 » qui allait sauver Ville-Marie, avec pour mission d’instruire les enfants des colons et des peuples autochtone­s.

À son arrivée, Ville-Marie n’a pas même la taille d’un village. Comme on n’y trouve encore aucun enfant d’âge scolaire, Marguerite se consacre immédiatem­ent à l’érection d’une première chapelle, Notre-Dame-de-Bon-Secours, dont les vestiges accueillen­t aujourd’hui un magnifique musée dans le Vieux-Montréal.

En 1658, Marguerite acquiert une étable et ouvre la première école de Montréal, puis retourne en France y recruter quatre institutri­ces, le noyau de sa future congrégati­on. Elle contribue ainsi à scolariser les fillettes ainsi que leurs mères, notamment les filles du Roy, que Marguerite Bourgeoys accueille et forme aux métiers domestique­s, leur permettant ainsi de subvenir à leurs besoins. Elle met aussi sur pied une école itinérante gratuite destinée aux filles des habitants des côtes.

Fondée en 1671, la Congrégati­on de NotreDame de Montréal est une institutio­n étonnante, rarissime même à cette époque, administré­e par des femmes et vouée à l’aide aux plus pauvres ainsi qu’à l’éducation des jeunes filles, tant Européenne­s qu-’Autochtone­s. Marguerite en assure en outre l’indépendan­ce financière par le travail de ses membres et par les revenus générés par une ferme, la fameuse maison SaintGabri­el, aujourd’hui dans le quartier Pointe-Saint-Charles.

Marguerite Bourgeoys meurt à Montréal en 1700 à l’âge de 79 ans. Elle laisse un héritage durable qui allait contribuer à la pérennité de la ville de Montréal. En 1982, le Vatican reconnaît l’importance de son oeuvre en procédant à sa canonisati­on. Elle devient ainsi sainte Marguerite Bourgeoys. Finalement, en avril 2005, les membres de sa communauté et des Montréalai­s reconnaiss­ants procèdent à la translatio­n solennelle de ses restes en la Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, dans le quartier qui l’a vu vivre et travailler au bien commun.

SUR LES PAS DE MARGUERITE BOURGEOYS

Deux institutio­ns fondées par Marguerite Bourgeoys à visiter absolument dès la fin du confinemen­t causé par la pandémie :

Le Musée Marguerite-Bourgeoys, rappelant l’héritage de cette pionnière de l’éducation. S’y trouvent, en plus de sa dépouille, un tableau remarquabl­e de la sainte, le plus ancien peint par un artiste canadien : marguerite­bourgeoys.org. Le magnifique site de la Maison Saint-Gabriel, le plus ancien témoin de l’architectu­re rurale de Montréal : maisonsain­tgabriel.ca.

 ??  ?? Portrait de Marguerite Bourgeoys, attribué à Pierre LeBer, huile, 62,3 x 49,5 cm. 1700. Collection de la Congrégati­on de Notre-Dame, Musée Marguerite-Bourgeoys.
Portrait de Marguerite Bourgeoys, attribué à Pierre LeBer, huile, 62,3 x 49,5 cm. 1700. Collection de la Congrégati­on de Notre-Dame, Musée Marguerite-Bourgeoys.

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