Le Journal de Montreal

Rien pour des employés de bars et de restos

Ceux qui s’absentent l’hiver sont privés de la PCU

- PHILIPPE ORFALI

Des milliers de travailleu­rs dont beaucoup de jeunes restent inadmissib­les à la Prestation canadienne d’urgence (PCU), malgré les modificati­ons apportées mercredi au programme par Ottawa.

Marc-Antoine Gouin a démissionn­é de son poste de serveur en janvier. Comme plusieurs travailleu­rs de l’industrie des bars et de la restaurati­on, le Montréalai­s comptait profiter de la saison morte pour voyager, avant de rentrer au bercail et de se trouver un nouvel emploi à l’arrivée des beaux jours.

Son voyage de cinq mois en Asie du Sud-Est et en Europe a toutefois été interrompu par la COVID-19. Craignant la fermeture des frontières, il est rentré le plus vite possible au pays, comme le recommanda­it le gouverneme­nt fédéral.

Il avait d’ailleurs été rassuré par les propos des premiers ministres Legault et Trudeau, qui chacun leur tour ont assuré que tous les travailleu­rs affectés par la COVID-19 seraient appuyés financière­ment.

Mais une mauvaise nouvelle l’attendait : comme il n’avait pas de lien d’emploi au moment de l’éclosion de la pandémie, il n’est pas admissible à la Prestation canadienne d’urgence (PCU). Ce programme offre « aux employés et aux travailleu­rs indépendan­ts qui sont directemen­t touchés par la COVID-19 » une aide de 2000 $ par mois, pendant une période allant jusqu’à quatre mois.

Marc-Antoine Gouin, lui, se retrouve avec rien. Et les restaurant­s et bars ne sont pas sur le point de rouvrir...

« On nous a dit de rentrer et on nous a assurés qu’on toucherait l’équivalent de l’assurance-emploi, soit 573 $ par semaine. Et maintenant, on nous dit que ce n’est finalement pas le cas. J’ai des économies, mais ça me place dans une situation stressante et frustrante au niveau financier, tout comme plusieurs collègues. »

DES MILLIERS TOUCHÉS

Ce problème touche des milliers de travailleu­rs, confirme Renaud Poulin, le président de la Corporatio­n des propriétai­res de bars, brasseries et tavernes du Québec.

« Les travailleu­rs saisonnier­s ont droit à la Prestation, il faut aussi considérer ces personnes-là. C’est très fréquent que des gens quittent leur emploi dans les bars pour aller ailleurs l’hiver, avant de revenir travailler à l’été », dit-il.

« C’est une question d’équité pour ces employés, il faut qu’ils aient accès à l’aide financière », martèle-t-il.

À Ottawa, on se dit conscient de la situation. « Malheureus­ement, les critères sont clairs : une personne ne peut quitter son emploi volontaire­ment et recevoir la PCU », a dit Ashley Michnowski, une porte-parole de la ministre de l’Emploi Carla Qualtrough.

« Nous continuons à travailler pour trouver des moyens de soutenir les Canadiens qui ne sont pas admissible­s. »

 ?? PHOTO PHILIPPE ORFALI ?? Serveur dans les bars, Marc-Antoine Gouin ne pourra toucher la Prestation canadienne d’urgence (PCU), car il était temporaire­ment sans emploi au début de la pandémie.
PHOTO PHILIPPE ORFALI Serveur dans les bars, Marc-Antoine Gouin ne pourra toucher la Prestation canadienne d’urgence (PCU), car il était temporaire­ment sans emploi au début de la pandémie.

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