Le Journal de Montreal

Une part d’inconnu

- MARIO DUMONT

Le gouverneme­nt a annoncé son plan pour ouvrir les écoles. Un plan parfait ? Probableme­nt pas. Mais bien sensé pour quiconque croit à l’importance du retour en classe. Retour hâtif ?

Qui peut juger de ce qui est idéal alors que nous vivons quelque chose pour la première fois ? Une tragédie qui ne ressemble à rien d’autre.

Il fallait mélanger tous les ingrédient­s pour choisir le bon moment. La nécessaire éducation de nos jeunes, la santé publique, les craintes de maltraitan­ce d’enfants confinés, la détresse psychologi­que.

Le gouverneme­nt a tranché, les pédiatres semblent d’accord, on avance.

LES OBJECTEURS

La pandémie ne met pas fin au débat public. Chacun a droit à son opinion et a le droit de l’exprimer.

Cependant, les spécialist­es de l’objection, qui prétendent sans cesse avoir mille questions sans réponses, doivent laisser un peu d’oxygène à ceux qui nous gouvernent.

La nouvelle vie que nous impose le coronaviru­s comporte une part d’inconnu.

Certains me font penser à de jeunes enfants en voyage qui bombardent leurs parents de questions à propos d’un endroit où ceux-ci ne sont jamais allés eux-mêmes.

« Est-ce qu’il va y avoir loin à marcher ? Est-ce qu’il va y avoir des frites au restaurant ? Est-ce que ma chambre va être grande ? » Éreintant.

La pandémie est comme un endroit où nous ne sommes jamais allés. Le gouverneme­nt n’a pas sorti de ses voûtes un plan magique pour agir face à une damnation semblable.

Le ministre de l’Éducation ne peut qu’essayer simplement de remettre la machine en marche en respectant les consignes que la santé publique lui impose.

QU’EST-CE QUI VA ARRIVER SI…

Autant pour les syndicats concernés que pour les parents, il est bien de vouloir s’informer.

Mais objecter en se plaignant de ne pas avoir réponse à toutes ses interrogat­ions devient un exercice futile.

Qu’est-ce qui va arriver si… si un enfant tousse ? … si deux enfants toussent ? … s’il y a une deuxième vague ? … s’il y a une éclosion dans une école ?

Nous ne pourrons pas avoir toutes les réponses parce qu’elles n’existent pas dans l’absolu. Les situations futures seront jugées en temps et lieu par des gens de bonne volonté, à partir des meilleures connaissan­ces du moment.

Nous devinons déjà que certains problèmes vont survenir, à moins d’un miracle.

Il y aura une éclosion quelque part. Alors il faudra probableme­nt retourner en confinemen­t temporaire dans un secteur, dans une région. C’est notre nouvelle réalité. Il ne faudra même pas considérer cela comme un échec. Juste un ajustement.

Si nous commençons à comprendre certains principes généraux de la vie en temps de pandémie, nous devrions aussi avoir compris la nécessité d’avancer à tâtons dans une part d’inconnu.

Aller à l’école est naturel pour les enfants. Nous devons maintenant réconcilie­r ce naturel avec les contrainte­s de la COVID-19.

Faisons un peu confiance aux directions d’écoles pour trouver sur le terrain les réponses et les solutions.

Le virus est parmi nous. Il faudra vivre avec.

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