Faut-il sauver le Cirque du Soleil ?
Dans le cadre de la COVID-19, les gouvernements de Québec et d’Ottawa devraient-ils aider financièrement une entreprise dont le contrôle est exercé à l’étranger, et ce, par l’entremise d’une société qui a pignon sur rue dans un paradis fiscal ?
Ce beau cas de conscience moral, c’est celui du Cirque du Soleil. Le Journal rapportait samedi dernier que le Cirque du Soleil cherche à obtenir une aide financière de Québec.
Le Cirque du Soleil est détenu par la société en commandite « Société à Gestion Cirque du Soleil S.E.C. » qui a son siège social à Montréal, et ce depuis que le fondateur, Guy Laliberté, a cédé le contrôle de son empire en 2015.
Le problème ? Qui détient la position de contrôle de ladite société en commandite ? C’est le méga fonds privé américain TPG, du Texas, avec 55 % des parts sociales. Comment en exerce-t-il le contrôle ? Par l’entremise de la « CDS Luxembourg Holdings S.à r.l., Société à responsabilité », laquelle société est localisée au Luxembourg, reconnu mondialement comme un paradis à la fiscalité légère.
Cela dit, vous ne trouverez pas la « CDS Luxembourg Holdings » dans la liste des commanditaires de la société en commandite du Cirque du Soleil. Officiellement, les parts que le fonds américain TPG détient dans le Cirque du Soleil sont enregistrées au nom de la société « TPG VII CDS Holdings, L.P. ».
Mais lorsque la transaction a été scellée, le 8 juillet 2015, TPG a transféré (avec effet deux jours plus tard, le 10 juillet 2015) la totalité des parts sociales du Cirque qu’elle possède par l’entremise de la « TPG VII CDS Holdings » à la « CDS Luxembourg Holdings ».
AUTRES PARTENAIRES
On retrouve deux autres commanditaires de la société en commandite « Société à Gestion Cirque du Soleil S.E.C. », soit le groupe chinois Fosun International Limited, avec 25 % des parts, et la Caisse de dépôt et placement du Québec, avec 20 % des parts.
Une première tranche de 10 % avait été acquise en juillet 2015, et l’autre tranche de 10 %, elle, provient de l’achat récent des parts restantes détenues par Guy Laliberté.
L’APPEL À L’AIDE FINANCIÈRE
La demande d’aide gouvernementale du Cirque du Soleil a de quoi soulever la méfiance.
Comme le soulignait mon collègue Jean-François Cloutier, ce sont des groupes milliardaires, TPG des États-Unis et Fosun de la Chine, qui demandent l’aide de Québec pour payer des salariés et des fournisseurs du Cirque du Soleil.
Comble de sans-gêne, le troisième partenaire du Cirque du Soleil c’est notre Caisse de dépôt et placement, avec des actifs de 340 milliards de dollars.
Au nombre des lobbyistes qui représentent le Cirque du Soleil auprès du gouvernement du Québec dans sa demande d’aide financière, il y a le richissime Mitch Garber, président du conseil d’administration du Cirque du Soleil et de l’agence fédérale Investir au Canada.
En vertu de quel prétexte le gouvernement Legault octroierait-il des fonds publics à une entreprise détenue par un consortium de fonds milliardaires, tout en étant contrôlée par le fonds américain TPG par l’entremise d’une société installée dans un paradis fiscal ?
Après insistance, TPG et le Cirque du Soleil confirment l’existence de CDS Luxembourg Holdings. Ils affirment que cette société ne détient aucune participation dans la société en commandite Gestion Cirque du Soleil. Il faut savoir que c’est TPG VII CDS Holdings (propriétaire de CDS Luxembourg) qui est officiellement commanditaire du Cirque du Soleil.
En vertu de quel prétexte le gouvernement Legault octroierait-il des fonds publics à une entreprise détenue par un consortium de fonds milliardaires ?