Le Journal de Montreal

Un « pari risqué » mais nécessaire

Alors que le Québec entame son déconfinem­ent, les entreprise­s pourront reprendre peu à peu leurs activités

- PATRICK BELLEROSE

La reprise graduelle des classes et le retour au travail de 500 000 Québécois représente­nt un « pari risqué », mais nécessaire, estime le Dr Horacio Arruda, au moment où le Québec entame son déconfinem­ent.

« Je veux éviter des suicides chez des propriétai­res de PME, des divorces parce que ça va mal, et de la violence faite aux enfants », a illustré le directeur national de la santé publique, hier, alors que le gouverneme­nt Legault présentait son plan de réouvertur­e des entreprise­s. La veille, Québec avait dévoilé son calendrier de retour volontaire à l’école à compter du 11 mai.

▪ Ainsi, les commerces de détail ayant pignon sur rue ouvriront leurs portes à compter du 4 mai à l’extérieur du grand Montréal, et le 11 mai dans la région montréalai­se.

▪ Toujours le 11 mai, la constructi­on autre que résidentie­lle pourra redémarrer et les entreprise­s manufactur­ières reprendron­t graduellem­ent leurs activités (voir page 2)

▪ Toutefois, les centres commerciau­x et les entreprise­s de soins corporels (optométris­te, dentiste, coiffeur, etc.) demeurent fermés jusqu’à nouvel ordre.

« On parle d’à peu près 500 000 personnes, possibleme­nt, qui pourraient retourner au travail sur 1,2 million qui sont en arrêt de travail », a expliqué le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.

IL FAUDRA RESPECTER LES CONSIGNES

Après un mois et demi de confinemen­t, la santé publique veut ainsi permettre aux Québécois de retourner au travail, tout en s’assurant de « minimiser » les risques. « C’est clair [...] qu’il va y avoir une augmentati­on de transmissi­ons dans la communauté, dès qu’on rouvre un peu, et qu’il pourrait y avoir même des personnes qui décéderaie­nt », a reconnu le Dr Horacio Arruda.

« On sait, c’est un pari risqué », ajoute-t-il. Mais puisque le virus « est ici pour longtemps », il s’agit de trouver un équilibre, fait valoir le Dr Arruda.

D’ailleurs, il n’hésitera pas à recommande­r à nouveau le confinemen­t si la population ne respecte pas les consignes.

Par contre, Québec ne prône plus la stratégie de l’immunité collective que le premier ministre François Legault défendait jeudi dernier.

L’Organisati­on mondiale de la santé, le gouverneme­nt fédéral et l’Institut national de santé publique du Québec se sont depuis prononcés contre cette approche.

« On dit que c’est une possibilit­é, mais qui n’est pas... on n’a pas de preuve que ça fonctionne », a précisé M. Legault hier.

PAS DE SOIRÉE ENTRE AMIS

Malgré ce retour progressif à la vie normale, les rassemblem­ents dans les résidences ou sur les terrains privés demeurent interdits. La relance de l’économie est nécessaire afin « d’avoir des revenus pour être capables de se payer des services », fait valoir François Legault.

« Mais faire des partys de famille, on peut s’en passer pendant un certain temps », ajoute-t-il, tout en disant comprendre que « les gens ont hâte de se retrouver ».

« L’IDÉE, C’EST DE ROUVRIR GRADUELLEM­ENT, PUIS DE FAIRE LE SUIVI, DE VOIR EST-CE QU’IL Y A UN IMPACT SUR LA CONTAGION, EST-CE QU’IL Y A UN IMPACT SUR LA SITUATION DANS NOS HÔPITAUX. DONC, C’EST IMPORTANT QU’ON GARDE LE CONTRÔLE. »

– Le premier ministre François Legault

 ?? PHOTO STEVENS LEBLANC ?? Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon (à droite), a présenté son plan de réouvertur­e des entreprise­s. Il était accompagné du premier ministre, François Legault, et du directeur national de la santé publique, le Dr Horacio Arruda.
PHOTO STEVENS LEBLANC Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon (à droite), a présenté son plan de réouvertur­e des entreprise­s. Il était accompagné du premier ministre, François Legault, et du directeur national de la santé publique, le Dr Horacio Arruda.

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