Catastrophe pour les restos
Ils sont écartés de la première phase de relance économique et un propriétaire estime que 50 % fermeront
De nombreux restaurateurs sont en mode survie et craignent le pire, ne sachant toujours pas à quel moment ils pourront reprendre leurs activités.
« Je ne vois pas de lumière au bout du tunnel avant deux ans », affirme Peter Sergakis, qui détient une quarantaine de restaurants et de bars.
« C’est une catastrophe ! […] Je m’attends à ce qu’au moins 50 % des restaurants ne pourront pas rouvrir », ajoute l’homme d’affaires à la tête d’un empire qui compte notamment la chaîne Station des sports.
Les restaurateurs sont exclus de la première phase de relance économique annoncée hier par le gouvernement Legault.
Les centres commerciaux, les restaurants, l’industrie des soins per- sonnels comme la coiffure et les salons d’esthétique ainsi que les domaines de la culture et du tourisme n’y figurent pas non plus (voir autres textes en pages 32 à 35).
PAS AVANT UN VACCIN
Lorsque le gouvernement donnera le feu vert, Dominic Laflamme, propriétaire de quatre restaurants à Montréal, pense que plusieurs confrères ne seront plus en mesure d’attirer le public puisque la clientèle se sentira plus en sécurité chez elle.
« Si se divertir et passer du temps avec des amis, ça implique de se faire servir par quelqu’un qui porte des gants et un masque, je crois qu’il n’y a plus de plaisir. On a plus de fun à la maison chacun chez soi », soutient le propriétaire de l’État-Major, du Quartier général, de l’Heirloom et de l’Heirloom Le Central.
Il est d’ailleurs inquiet pour la survie de ce dernier, situé dans une aire de restauration.
« Qui va avoir envie d’aller se foutre à une table avec des inconnus ? » se demande M. Laflamme.
Quant à lui, M. Sergakis croit que des mesures sanitaires seront difficiles à mettre en place.
« Les restaurants et les bars ne peuvent pas fonctionner avec la norme du six pieds [ou deux mètres] de distanciation sociale. On ne serait pas rentable, mais en même temps on ne veut pas mettre nos clients et nos employés à risque. Tant qu’il n’y aura pas de vaccin ni de médicament, ça va être difficile pour notre industrie », conclut-il.
UNE INDUSTRIE EN PÉRIL
Simone Chevalot, propriétaire de la Buvette chez Simone à Montréal, qui fêtera ses 12 ans en juin, ne se fait pas d’illusions : l’établissement est en mode survie.
« Pour le moment, on cherche des solutions à court terme pour survivre. Ça apparaît surréel de rouvrir nos portes avant septembre », avance-t-elle.
Mme Chevalot croit pouvoir résister à la crise jusqu’au mois d’octobre, en s’endettant.
« On est dans nos marges de crédit. Il n’y a pas d’argent qui rentre », fait valoir l’entrepreneure.