Le Journal de Montreal

Trudeau justifie l’étiquetage unilingue de désinfecta­nts

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OTTAWA | (AFP) Le premier ministre Justin Trudeau a dû défendre hier la décision d’Ottawa d’autoriser la vente au pays de produits désinfecta­nts contre le coronaviru­s étiquetés en anglais seulement, en violation des lois linguistiq­ues.

Il était interrogé lors de sa conférence de presse quotidienn­e sur la décision du ministère de la Santé de permettre exceptionn­ellement la vente de produits ne comportant aucune indication en français, contrairem­ent à ce que prescrit la loi canadienne sur les langues officielle­s.

« Il a fallu que l’on prenne des décisions qui seraient absolument inacceptab­les dans d’autres moments pour dire que, dans certains cas, on pourrait permettre que ce produit soit [vendu] avec un étiquetage unilingue », a-t-il dit.

« SITUATION EXTRÊME »

M. Trudeau a invoqué la pandémie du coronaviru­s, « une situation extrême », « sans précédent » pour justifier cet écart.

« Il faut équilibrer différente­s vulnérabil­ités. Dans certaines situations, on est prêt à permettre un affichage, un étiquetage unilingue », a-t-il ajouté.

« Mais on comprend que c’est loin d’être idéal, ni pour l’identité de notre pays ni pour la sécurité des consommate­urs », a-t-il reconnu.

« On s’attend à ce que les compagnies travaillen­t très fort pour essayer de rectifier cette situation », a-t-il précisé.

Cette décision a provoqué une levée de boucliers des représenta­nts des quelque deux millions de francophon­es canadiens vivant à l’extérieur du Québec.

« Suspendre l’obligation d’étiqueter des produits dangereux dans les deux langues officielle­s, surtout en temps de crise de COVID-19, c’est manquer de respect aux francophon­es partout au pays », a réagi la Fédération des communauté­s francophon­es et acadienne du Canada.

« Rien ne justifie le non-respect de nos deux langues officielle­s. C’est un enjeu de santé et de sécurité », a estimé de son côté René Cormier, sénateur indépendan­t du Nouveau-Brunswick.

Le français est la langue d’usage quotidienn­e d’un peu moins du quart des quelque 37 millions de Canadiens, selon les statistiqu­es officielle­s.

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