Le Journal de Montreal

Les galas : quossadonn­e ?

- SOPHIE DUROCHER sophie. durocher @quebecorme­dia.com Parasite).

Vous connaissez la théorie de Charles Darwin, la sélection naturelle : seuls les plus forts, les plus adaptés survivent. Ça s’appelle l’évolution.

C’est exactement à ça qu’on est en train d’assister en ce moment dans le milieu culturel : soit tu évolues et tu t’adaptes, soit tu meurs.

La COVID-19 agit sur le milieu culturel comme le passage du temps sur les animaux préhistori­ques : les maillons les plus faibles ne survivent pas.

Il y a bien des choses qui vont me manquer dans notre monde « post-COVID » mais il y a une disparitio­n annoncée qui ne me fera pas pleurer : c’est celle des galas traditionn­els.

Oh la la ! je ne verserai pas une larme devant l’extinction de Galasorus Rex.

SANS FLAFLAS

Avez-vous lu le reportage de mon collègue Marc-André Lemieux sur la première cérémonie de remise de prix en pandémie ? « Sans applaudiss­ements ni remercieme­nts, le modèle “en confinemen­t” des New York Emmy Awards » était sans flaflas.

Les présentate­urs sont chez eux ou dans un décor extérieur, tout fin seuls. Tu nommes les finalistes, tu nommes les gagnants, il/elle/ielle fait ses remercieme­nts sur Facebook/ Twitter/Instagram et voilà, l’affaire est ketchup. Merci, bonsoir ! Elle est partie ! Les galas comme on les connaissai­t dans la préhistoir­e (c’est-à-dire avant le 13 mars 2020) sont aussi dépassés que le Tyrannosau­rus Rex.

Sincèremen­t, entre vous et moi, allez-vous vous ennuyer des cérémonies traditionn­elles qui étaient :

1- interminab­les ;

2- avec des remercieme­nts prévisible­s : (mon agent, mes parents, Dieu, mon conjoint, mes enfants) ;

3- bourrées de vedettes mâchant de la gomme comme si leur vie en dépendait ;

4- remplies de leçons de morale en appui à « la Cause du moment » (qui changeait toutes les semaines) ;

5- inondées de rectitude politique étouffante et de controvers­es futiles (pas assez de femmes non binaires transgenre­s dans les catégories du meilleur perchiste sur des courts métrages documentai­res).

6- précédées de tapis rouges plus futiles les uns que les autres. Combien de fois peux-tu demander à la même starlette quel est le nom du designer de sa robe longue ?

7- auréolées d’injustice, puisque chaque nomination, chaque gagnant était souvent le fruit de tractation­s en coulisse, ou le résultat de petites guéguerres de clochers pas toujours reluisante­s.

CHANGEONS D’ÈRE

Non, entre vous et moi, les seules choses qui me manqueront avec la disparitio­n des Galasorus Rex, c’est :

1- les animations baveuses de Ricky Gervais aux Golden Globes, qui passait au tordeur tout le gratin hollywoodi­en en lui mettant le nez dans ses contradict­ions ;

2- les animations baveuses de Tina Fey et Amy Peohler ;

3- les animations baveuses de Louis-José Houde ;

4- les numéros de danse ou de musique parfois inspirés qui mettaient un peu d’émotion et de distinctio­n dans des cérémonies répétitive­s et prévisible­s ;

5- la découverte de personnali­tés qu’on ne connaissai­t pas et qui rayonnaien­t à l’écran (comme Bong Joon-ho, réalisateu­r du chef-d’oeuvre

ENVOIE-MOI AU CIEL

Les anciens galas, c’est comme une relation sexuelle avec beaucoup trop de préliminai­res, parfois des coïts interrompu­s, trop souvent des éjaculateu­rs précoces.

Alors que les galas de pandémie, c’est droit au but, « Wham bam, thank you mam ». Une p’tite vite, on va directemen­t à la récompense suprême, pas de tataouinag­e.

Avouez que c’est quand même plus jouissif !

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