TROP FORTS POUR LA LIGUE
En 1980, les Hurricanes de Ville-Émard misaient sur Jean-Jacques Daigneault, Marc Bergevin et… Mario Lemieux
Il y a 40 ans, les Hurricanes de Ville-Émard remportaient le championnat provincial bantam AA sur la glace du Colisée Jean Béliveau. Une victoire qui marquait la fin d’une époque pour ce groupe qui, depuis les rangs pee-wee, était principalement constitué du même noyau. La saison suivante, Mario Lemieux et Jean-Jacques Daigneault passeraient au niveau midget AAA, étape que franchirait Marc Bergevin, un an plus tard.
Peu d’équipes de hockey mineur peuvent se vanter d’avoir aligné, en même temps, trois joueurs qui connaîtraient un jour des carrières d’au moins 900 matchs dans la LNH.
Néanmoins, si le chemin de Lemieux, comparé à Guy Lafleur dès l’âge de 12 ans, semblait tracé d’avance, ce n’était pas nécessairement le cas pour les deux autres.
« Mario était un surdoué. Quand tu marques 150 buts en 50 matchs, comme il le faisait, tu n’as pas le choix d’être considéré comme tel, a raconté Daigneault, dans une généreuse entrevue avec Le Journal
de Montréal. Nous, on sortait peut-être un peu du lot, mais sans plus. »
En guise de preuve, Daigneault raconte qu’il avait été muté à la défense en arrivant au niveau pee-wee, faute de place à l’attaque, et que Bergevin, alors ailier gauche, ne parvenait pas à se tailler une place avec l’équipe une année sur deux.
« On avait du talent, mais on avait surtout un esprit de compétition très développé, a souligné l’ancien défenseur du
Canadien. Quand tu fais des un contre un et des deux contre un pendant six ans contre Mario Lemieux, tu n’as pas le choix de t’améliorer. »
DES VOLÉES À LA TONNE
N’empêche que pendant cette saison bantam AA de 1979-1980, les Hurricanes ont porté leur nom à merveille. Ils ont tout démoli sur leur passage. En plus de survoler la saison et le classement des 11 équipes montréalaises, ils ont remporté deux des trois tournois auxquels ils ont pris part en plus d’enlever les honneurs de la Coupe Daoust, ancêtre de la Coupe Dodge.
Les pointages de certaines de ces rencontres donnent le tournis. Des victoires de 8 à 4, 7 à 2 et 6 à 1 au tournoi de Granby. Une finale remportée 11 à 1 au tournoi de Chicoutimi et une demi-finale dominée au compte de 7 à 0 lors du championnat provincial.
Selon les souvenirs de Pierre Vanier, ancien collègue statisticien au Journal de
membre de cette formidable équipe et partenaire de Daigneault, les Hurricanes n’auraient perdu que cinq matchs cette saison-là.
« Oui, on avait Mario qui comptait des buts, Marc à l’aile gauche et moi à la défense. Mais on misait également sur Carl Parker, l’un des meilleurs gardiens de la province », a souligné Daigneault, champion de la Coupe Stanley de 1993.
Actuel entraîneur-chef des Mooseheads d’Halifax, celui-ci se rappelle également que plusieurs joueurs de cette équipe ont, par la suite, évolué dans la LHJMQ. Outre le quatuor mentionné plus haut, Stéphane Lepage, Sylvain Côté, Sylvain Nantel, détenteur du record de minutes de punition dans la LHJMQ (564 minutes) et Gregory Choules y ont disputé quelques saisons.
DES GAMINS COMME LES AUTRES
Ça peut paraître surréel lorsqu’on constate le talent dont regorgeait cette équipe. Toutefois, Daigneault raconte
qu’ils étaient une bande de gamins comme les autres.
« Oui, il y a un passé de hockey, mais il y a aussi un passé de vie d’adolescent. On a grandi ensemble. On était tous du même quartier. On est allés aux danses du secondaire, on jouait au hockey dans la rue, on allait faire du patin à roulettes au Paladium », a-t-il énuméré.
Et les week-ends, unis par ce sentiment d’appartenance et aidés de leur talent, ils s’amusaient à donner des raclées à leurs adversaires. Des souvenirs sur la glace, mais également hors glace, que Daigneault garde précieusement.
« L’an passé, quand j’ai été admis au Temple de la renommée de la LHJMQ, j’ai mentionné que les Hurricanes de VilleÉmard avaient allumé l’étincelle qui a fait partir tout le processus de notre passion pour le hockey. »