« On veut juste jouer »
Des jeunes sportifs et intervenants dans le milieu rêvent d’un plan pour reprendre l’action
Le retour en classe a beau s’amorcer aujourd’hui, des jeunes qui ne demandent qu’à reprendre leurs activités sportives baignent toujours dans le néant. Rien ne leur indique quand ils pourront renouer avec leurs passions, essentielles à leur bien-être physique et mental, insistent des spécialistes, qui jugent que la relance du sport « commence à presser ».
Vincent Léveillée, 13 ans, mange du sport. L’adolescent, qui fréquente la polyvalente Pointe-Lévy, a vu sa saison de hockey prendre fin abruptement, tandis que son sport de prédilection, le baseball, n’est en rien assuré de reprendre prochainement, malgré le volet sport-études.
Sa situation est partagée par des milliers de jeunes sportifs dont la passion a été mise au rancart en raison de la pandémie. Maintenant que le feu vert a été partiellement donné pour la réouverture d’écoles primaires de nombreux jeunes consultés par
peinent à croire qu’il ne soit pas possible de trouver une manière de relancer le sport tout en respectant les consignes d’hygiène et de distanciation.
« La formule, ça m’importe peu, lance Vincent Léveillée. On veut juste jouer. »
D’un quotidien meublé du matin au soir par l’école et le sport, ces jeunes athlètes doivent se résigner à des séances d’entraînement virtuelles.
UN MANQUE
« Ce qui me manque, c’est le temps avec mes amis, de m’entraîner, de bouger. De faire ma passion », témoigne Meghane Beaudry, 17 ans, une patineuse artistique de haut niveau de Saint-Jean-sur-Richelieu.
« Il vaut mieux d’être en santé, mais je ne pense pas que ça ferait du mal à quelqu’un d’aller lancer des ballons à quelques-uns », juge Rohan Gideon Jones, 18 ans, qui pratique le football et le basketball au Collège André-Grasset.
La solution au bien-être collectif en ces temps houleux réside, notamment, dans la relance des activités sportives, croit Marc-André Duchesneau, docteur en psychopédagogie et qui oeuvre à l’Institut national du sport.
« Ce n’est pas la compétition et les tournois qui importent. C’est de retrouver dès que possible le volet social du sport », avance-t-il.
MISE EN GARDE
Une étude de l’Université du Québec en Outaouais révélait, la semaine dernière, que le tiers des jeunes subit une forme de détresse depuis le confinement. Le milieu sportif n’échappe pas à ces difficultés, confirme le psychopédagogue en préparation mentale Alain Vigneault.
« On ne sait pas encore comment on va reprendre. C’est une zone grise. Il y a des athlètes impatients, anxieux. Certains ont peur de manquer leur saison », estime celui qui rencontre de jeunes athlètes autant que des sportifs professionnels et olympiques.
DÉPRIME
« Les jeunes sportifs restent, à la base, des adolescents. Ils se retrouvent privés d’une passion, confinés chez eux. Il y a des cas de jeunes sportifs où le sport est le seul endroit dans leur vie où ils sont bien », souligne Sylvain Croteau, directeur général de Sport’Aide, organisme voué à aider la santé psychologique des athlètes.
Pour Sylvain Guimond, docteur en psychologie du sport, la reprise du sport « commence à presser » d’un point de vue de santé mentale, surtout pour les athlètes, mais aussi pour les amateurs.
« On a beau protéger la santé physique, mais il ne faut pas que notre société tombe dans un excès de déprime », argue M. Guimond.