Il manque encore de bras en CHSLD
Des employés démissionnent et le recrutement demeure difficile par peur du virus malgré les nouvelles primes
Des propriétaires de résidences pour aînés peinent à recruter du personnel et jonglent avec des démissions, car la peur de la COVID-19 garde beaucoup d’employés à la maison.
« Les primes [annoncées par le gouvernement Legault] sécurisent les employés actuels, mais elles n’amènent aucun nouveau joueur », remarque à regret Michel Nardella, propriétaire de la Résidence du Bonheur à Laval et président de l’Association des établissements de longue durée privés du Québec (AELDPQ).
La semaine dernière, une prime additionnelle de 1000 $ par mois a notamment été ajoutée par Québec pour attirer le personnel soignant, puisqu’il manque environ 11 000 employés dans le réseau de la santé.
Malgré cela, sept travailleurs ayant contracté la COVID-19 ont remis leur démission à la résidence de M. Nardella. Ils craignent de revenir au boulot, dit-il.
De plus, quatre autres employés lui ont aussi présenté des billets du médecin, étant incapables psychologiquement de retourner à la résidence, poursuit-il.
M. Nardella ajoute qu’une offre d’emploi est affichée toutes les deux semaines pour du personnel qu’il est prêt à former, mais elle reste sans réponse.
« On veut juste des bras », souffle-t-il. En ce moment, c’est grâce à l’envoi de personnel du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval qu’il arrive à pourvoir les postes vacants.
70 % DES RÉSIDENTS INFECTÉS
Sa résidence a été durement touchée par la COVID-19. Jusqu’à 36 employés ont dû être retirés, ayant contracté le virus, et plus de 70 % des résidents ont été infectés, dont plusieurs sont décédés.
Mais le pire est désormais passé, assure le propriétaire.
La peur est cependant tout aussi palpable dans les résidences encore épargnées par le coronavirus.
À Saint-Sauveur, dans les Laurentides, Colette Desjardins, qui est directrice générale du CHSLD L.-B.-Desjardins, a essuyé sept démissions. Ces départs ne se limitent pas aux préposés, mais aussi aux infirmières et aux cuisines.
« Vous ne pouvez pas imaginer toutes les questions de mes employés. Ils sont tellement inquiets », dit-elle.
LA PCU NUIT
Les primes aident, souligne-telle, mais l’écart de salaire entre les secteurs public et privé reste toujours le même.
Une employée qu’elle avait récemment commencé à former a préféré rester chez elle, une fois qu’elle a obtenu la Prestation canadienne d’urgence (PCU) de 2000 $ par mois, raconte-t-elle.
« Ça ne court pas aux portes, c’est dommage », admet Mme Desjardins.
Pour l’instant, la moitié de ses besoins sur le plancher est comblée par une compagnie externe.
Le président d’Excelsoins, qui compte sept résidences, Christian Archambault, croit lui aussi que les prestations d’aide ont pour effet de plomber les efforts de recrutement.
« Les gens ont peur et ils préfèrent rester chez eux », affirmait-il au
la semaine dernière. Le président du Groupe santé Arbec, Paul Arbec, a également perdu des employés ayant des craintes concernant la COVID-19, mais surtout pour protéger des proches vulnérables.
« Si on fournit actuellement, c’est parce qu’on a l’aide des CISSS », reconnaît M. Arbec.
Par contre, il dit recevoir de nouveaux CV et il espère pouvoir pourvoir des postes vacants sous peu.
CONGRÉGATION RELIGIEUSE
Samedi, c’était au tour de la Congrégation des Soeurs de Sainte-Croix de Montréal de lancer un appel à l’aide pour un besoin criant de personnel.
« Notre personnel qui est demeuré fidèle est essoufflé, fatigué, épuisé », a déploré à TVA Nouvelles Sophie Ménard, directrice des ressources humaines de leur résidence.