Le Journal de Montreal

Des proprios larguent Airbnb, au bonheur des locataires

Des milliers d’appartemen­ts deviennent disponible­s grâce à la pandémie

- PHILIPPE ORFALI

Des milliers d’« hôtes » Airbnb délaissent le service de location à court terme à cause de la COVID-19, ce qui pourrait atténuer la crise du logement dans certaines villes du Québec.

Depuis le début de la crise, l’entreprise américaine a été contrainte par le gouverneme­nt Legault d’annuler toutes les réservatio­ns effectuées à l’échelle de la province, et ce, au moins jusqu’au 1er juin.

Face à ce revirement qui les prive de milliers de dollars, de nombreux propriétai­res se sont résolus à louer leur logement de façon traditionn­elle.

Les sites de recherche pullulent aujourd’hui d’appartemen­ts à louer. Une bouffée d’air frais alors que Montréal et Québec, entre autres, sont affligées par une pénurie de logements sans précédent.

Le problème, c’est que ces appartemen­ts sont souvent affichés à un prix nettement supérieur à la moyenne, en plus d’être tout meublés et libres non pas pour le 1er juillet, mais dès maintenant, leurs détenteurs étant impatients de les louer.

Sur le point de déménager de Québec à

Montréal, Étienne Lessard a épluché les sites de petites annonces et divers groupes Facebook pour trouver la perle rare.

Rapidement, il s’est rendu compte que quelque chose clochait par rapport à ses recherches précédente­s.

« Je ne trouvais que des appartemen­ts pour le 1er mai, ou immédiatem­ent. Il y avait très peu de choix, c’était cher et meublé », dit-il. C’était « assez évident » que ces unités se trouvaient jusqu’à récemment sur le marché de la location touristiqu­e.

Le prix pour un trois et demi meublé peut facilement grimper à 1500 $, voire 1900 $ pour un appartemen­t situé dans un arrondisse­ment central de Montréal, a constaté Le Journal.

« BONNE NOUVELLE »

Le taux de vacances des logements locatifs « est si faible que les gens s’essaient », note pour sa part Gaétan Roberge, du Comité logement Ville-Marie.

« C’est une bonne nouvelle dans la mesure où des logements retournent sur le marché. Mais c’est une goutte d’eau dans l’océan. On espère que le virus va convaincre les gens de louer à long terme plutôt que sur Airbnb », dit-il.

C’est du moins ce qui est arrivé à Pedro, un hôte Airbnb qui offre généraleme­nt son logement du centre-ville de Montréal sur la plateforme.

« C’est difficile, mais je n’ai pas eu le choix. Comme je tiens à conserver mon appartemen­t ici, j’ai décidé de le sous-louer à long terme en attendant que la pandémie passe », explique le jeune homme qui vit à l’étranger. Il s’attend à des pertes de 18 000 $ cette année à cause de cela, ce qui crée un « trou majeur » dans son budget.

RESPONSABI­LISER AIRBNB

Cette situation est loin d’émouvoir la députée de Québec solidaire Manon Massé, qui milite depuis des décennies pour l’accessibil­ité au logement. Elle souhaite « responsabi­liser » Airbnb face à la pénurie.

« Il faut remettre des logements sur le marché locatif. C’est fou qu’en pleine pénurie, des logements restent vides parce que plein de familles, parce qu’on a laissé faire Airbnb, sont incapables de trouver un logement qu’elles sont capables de se payer. »

Quant à Étienne Lessard, il s’est finalement déniché un quatre et demi à 750 $ par mois pour le 1er juillet, grâce à un ami d’un ami. Un appartemen­t à bon prix qu’il a pu visiter par conférence vidéo uniquement, à cause de la COVID-19.

« C’EST BEAUCOUP PLUS FRAPPANT QU’AVANT : LES LOGEMENTS À LOUER SONT MEUBLÉS ET DISPONIBLE­S BIEN AVANT LE 1er JUILLET » – Étienne Lessard

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PHOTO SIMON CLARK Étienne Lessard est parvenu à trouver un quatre et demi à 750 $ par mois en vue de son déménageme­nt de Québec à Montréal.

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