Le Journal de Montreal

Elle-même exposée, la MaisonBlan­che défend le déconfinem­ent

L’administra­tion Trump garde le cap malgré les mises en garde des experts

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WASHINGTON | (AFP) Les conseiller­s économique­s du président Donald Trump ont défendu hier la possibilit­é de faire redémarrer les États-Unis en toute sécurité malgré la poursuite de l’épidémie et des contaminat­ions au sein même de la Maison-Blanche, pourtant soumise à des contrôles draconiens.

Ces derniers jours, deux employés de la West Wing où se trouve le Bureau ovale – un militaire au service du milliardai­re républicai­n puis la porte-parole du vice-président Mike Pence – ont été testés positifs au nouveau coronaviru­s.

Dans la foulée, trois membres de premier plan de la cellule de crise chargée de coordonner la lutte contre la maladie COVID-19 sont entrés en quarantain­e en raison de leur possible exposition au virus.

Parmi eux, l’épidémiolo­giste Anthony Fauci, qui conseille Donald Trump, ainsi que le directeur du Centre de prévention des maladies infectieus­es (CDC) Robert Redfield et Stephen Hahn, patron de l’agence du médicament (FDA).

Les personnes appelées à approcher le 45e président des États-Unis sont soumises quotidienn­ement à des tests de dépistage. Et les règles se veulent très strictes, même si Donald Trump est régulièrem­ent critiqué pour son refus de porter un masque.

Si, dans ces conditions, la présidence n’est pas épargnée, comment un Américain moyen peut-il reprendre le travail sans crainte d’être contaminé ?

« RÉCESSION PANDÉMIQUE »

« La Maison-Blanche, c’est un endroit énorme, au moins 500 personnes, probableme­nt beaucoup plus », a fait valoir Larry Kudlow, conseiller économique du président, sur la chaîne ABC. « Ceux qui ont été testés positifs ne sont qu’une petite fraction », a-t-il insisté.

Il a donc défendu la volonté présidenti­elle de « rouvrir l’économie » pour « s’attaquer aux chiffres du chômage qui sont

déchirants », « horribles ».

« Pourquoi ne pas faire confiance aux entreprise­s ? », a poursuivi Larry Kudlow. « Elles savent, d’une part, que les gens doivent être protégés », « et d’autre part qu’il faut redémarrer autant que possible pour faire face au problème économique, à la récession pandémique », a-t-il plaidé.

Les États-Unis sont, de loin, le pays le plus endeuillé au monde par le virus, avec plus de 78 850 décès. Et si la situation s’améliore lentement à New York, l’épidémie peine à ralentir au niveau national, avec encore 1500 à 2000 morts par jour.

Mais après avoir émis des consignes prudentes pour la sortie du confinemen­t – qui dépend en dernier ressort de chaque État –, l’administra­tion Trump pousse chaque jour un peu plus en faveur d’une reprise rapide de l’activité.

« Nous avons presque 80 000 morts, et nous avons aussi plus de 30 millions de

personnes qui ont demandé une allocation chômage », a ainsi relevé sur la chaîne CBS Kevin Hassett, un autre conseiller économique de Donald Trump.

« Nous devons faire redémarrer notre économie, ce sera un moment difficile pour tout le monde, comme ça l’est pour les gens de la West Wing ce week-end », a-t-il martelé.

Les experts préviennen­t que la levée du confinemen­t dans de nombreux États américains pourrait relancer l’épidémie.

« Nous assistons à une hausse phénoménal­e de la mobilité dans certains États qui devrait se traduire dans plus de cas et de décès dans une dizaine de jours », a prévenu sur CBS le Dr Christophe­r Murray, directeur du Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME).

Il a expliqué que le modèle de son institut prédisait 137 000 morts aux États-Unis d’ici le 4 août, un chiffre revu à la hausse.

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PHOTO AFP Le président Donald Trump lors d’une rencontre avec des membres républicai­ns du Congrès américain vendredi dans la salle à manger d’État de la Maison-Blanche.

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