Le Journal de Montreal

Confinemen­t à vie

-

Lorsque j’ai pesé sur le rouge de mon cell., que la communicat­ion fut coupée, ma gorge s’est nouée, je me suis laissé aller et j’ai pleuré.

Parce que nos sept ou huit semaines de confinemen­t sont longues, mais pensez un seul instant que Jacques Demers vit ce calvaire depuis maintenant quatre ans.

Je lui ai parlé pendant plus de 10 minutes, cette semaine. Évidemment, c’est moi qui parlais parce que, lui, il ne prononce que oui, non, et tabarnouch­e, mais attention, il est parfaiteme­nt conscient de tout ce qui se passe, y compris la pandémie qui l’empêche de voir amis et famille depuis près de deux mois.

Il est seul dans son fauteuil roulant et il regarde dehors ou un peu de télé. Depuis cet AVC (avril 2016), il se fatigue très vite, et à 20 h 30, il dort.

Sa santé est bonne, il ne manque de rien, mais on ne peut pas être plus seul.

Quand on connaît cet homme si jovial, si rayonnant et si amoureux de la vie, du monde et qu’on le voit ainsi paralysé, prisonnier de son corps, c’est déchirant.

Il a toute son intelligen­ce et je me demande ce qui se passe dans sa tête. Comment, dans son for intérieur, interprète-t-il cette fin de vie si cruelle, sévère et inexorable.

Il a regardé la série de hockey de 93 présentée à TVA et ça l’a réjoui, mais il ne peut tout suivre d’un seul coup. Il tombe de fatigue. Jacques Demers n’a que 75 ans.

Profitez de chaque journée et ne ratez jamais une occasion de rire, de vous amuser et d’être une bonne personne. Ainsi, vous rendrez hommage au Coach, le dernier que vous avez vu gagner et soulever la Coupe à Montréal.

Je te rappelle cette semaine, Coach. Je suis tanné. À la télé, ça fait 12 fois que tu bats les Nordiques en deux semaines. Tu exagères.

Newspapers in French

Newspapers from Canada