Les Montréalais de moins en moins bienvenus en région
L’idée lancée par la mairesse de Saguenay fait son chemin dans les régions
Craignant que l’afflux de visiteurs montréalais entraîne une flambée de la propagation du virus dans leur coin de pays, des maires de plusieurs régions du Québec, dont Saguenay, prônent un isolement volontaire de 14 jours pour protéger leur population.
Josée Néron y est allée de cette suggestion d’isolement des visiteurs au cours des derniers jours, « un peu comme on l’a fait avec les snowbirds ».
« Ce n’est pas pour dire aux gens de l’extérieur de ne pas venir, au contraire, c’est de trouver une façon pour qu’ils puissent venir de façon sécuritaire », explique la mairesse de Saguenay, insistant sur l’aspect volontaire de la chose.
En point de presse hier, le directeur national de la santé publique, Horacio Arruda, a affirmé « ne pas pouvoir être contre » ce genre d’idées.
« Si vous voulez aller à votre chalet dans le Nord, organisez-vous pour ne pas exposer les populations locales », a-t-il demandé aux Montréalais.
POINT DE VUE PARTAGÉ
Cette position rejoint celle de plusieurs maires et résidents des régions, où des pétitions ont amassé des milliers de signatures pour repousser la levée des barrages policiers qui y bloquent l’accès.
« Si les régions ouvrent, c’est évident qu’il va circuler beaucoup plus de monde. Et nous, ce qu’on pense, c’est que ça ne sera pas favorable pour la région », avance la mairesse de Rivière-du-Loup, Sylvie Vignet, qui demande à ce que la levée des barrages routiers soit reportée jusqu’à ce que la « pandémie soit sous contrôle à Montréal ».
S’il fallait que les barrages soient levés le 18 mai comme prévu, elle pourrait « sincèrement envisager » le confinement proposé par la mairesse Néron.
Le maire de North Hatley, en Estrie, s’inquiète lui aussi pour sa population, dont l’âge moyen est de plus de 70 ans.
« Pour les gens de Montréal, ce n’est pas le meilleur moment pour venir flâner au village, suggère Michael Page.
On ne peut pas empêcher ceux qui ont des résidences secondaires de venir, mais on demande qu’ils se mettent en quarantaine au moins pendant 14 jours à leur arrivée. »
« Si on est envahi par les gens de Montréal, il faudra réagir pour éviter d’être à nouveau parmi les régions les plus infectées », soutient pour sa part le maire de Bromont, Louis Villeneuve.
« Si vous n’êtes pas obligé de venir, ne venez pas, poursuit-il. Mais si vous venez, on vous demande d’être respectueux, de garder une distanciation sociale, de porter le masque et d’éviter d’aller dans les supermarchés et les pharmacies. »
À Saint-Jean-Port-Joli, le maire en appelle à la responsabilisation des visiteurs, admettant qu’une « invasion massive de gens qui viennent de régions problématiques » peut inquiéter.
« S’ils viennent dans la région, il faut qu’ils assument par eux-mêmes la quarantaine », insiste Normand Caron.
RÉTICENTS À L’ISOLEMENT, MAIS...
D’autres municipalités ne vont pas aussi loin, mais souhaitent un certain contrôle pour éviter les éclosions. Joints par Le
Journal, les maires de Québec, Lévis, Rimouski, Sherbrooke et Baie-Saint-Paul, tout comme le préfet de la MRC Saint-François, s’en remettent notamment aux directives de la santé publique.
De son côté, le maire de Sainte-Rose-duNord invite les Montréalais à la patience.
« Les gens de Montréal, on veut les accueillir, on les aime, mais là, ce n’est peut-être pas le meilleur moment », relativise Laurent Thibeault, qui qualifie de « difficile à appliquer » un isolement de 14 jours.