Le Journal de Montreal

Dominique Anglade, chef du parti fédéralist­e

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com

Dominique Anglade l’aura finalement eu facile. Ceux qui ne voulaient pas d’elle à la direction du PLQ n’avaient pas vraiment réussi à lui trouver un adversaire sérieux.

Alexandre Cusson ne faisait pas le poids. Sans programme, sans idées, il s’était un peu égaré dans cette course, en se laissant convaincre qu’il serait le candidat des régions. Il n’a jamais su trouver le ton qui convenait – il faut dire aussi qu’on ne l’a pas beaucoup entendu.

Victime politique collatéral­e de la pandémie, il a dû se retirer de la course parce qu’il n’avait plus les moyens d’y participer.

Dominique Anglade était maintenant seule en piste. On lui a remis une couronne. Elle est très heureuse de la porter.

PLQ

Elle hérite d’un parti en situation paradoxale. Électorale­ment, le PLQ se porte mal et semble replié dans ses bastions. Il faut dire toutefois que ces bastions se multiplien­t et se multiplier­ont encore sous le poids de l’immigratio­n massive qui entraîne le Québec dans une profonde mutation démographi­que.

Autrefois, les forteresse­s libérales étaient concentrée­s dans l’ouest de Montréal. Aujourd’hui, on peut dire que Montréal comme Laval dans leur ensemble sont devenues des forteresse­s libérales. Autrement dit, le PLQ peut perdre une élection, ou deux, même trois, mais il n’est jamais menacé de disparitio­n et il lui suffit de conquérir une portion marginale du vote francophon­e pour retrouver le pouvoir.

Qu’entend faire Dominique Anglade du PLQ ?

Certains, qui s’imaginent malins, aiment rappeler qu’elle s’est retrouvée pendant un temps à la CAQ et croient pour cela qu’elle porte en elle plus ou moins secrètemen­t quelques timides conviction­s nationalis­tes.

Ne nous trompons pas. Dominique Anglade appartenai­t à l’aile ultrafédér­aliste du parti de François Legault, et l’a quitté parce qu’elle le jugeait « trop radical » en matière d’identité et d’immigratio­n. On parle ici d’un parti qui a interdit les signes religieux ostentatoi­res chez les employés de l’État en situation d’autorité et qui s’est contenté de réduire artificiel­lement les seuils d’immigratio­n pendant deux ans. Radicales, ces mesurettes ? Qu’on nous permette de sourire. Nul ne conteste les vertus politiques et intellectu­elles de Dominique Anglade. Elle veut le pouvoir et est prête à prendre et donner des coups pour l’avoir. Qui n’a pas cette qualité n’a pas sa place en politique.

Mais d’un point de vue historique, son couronneme­nt s’inscrit dans une tendance lourde : celle de la colonisati­on idéologiqu­e du PLQ par le PLC.

Le parti fédéralist­e, au Québec, est de moins en moins l’héritier de Robert Bourassa et de plus en plus celui de Pierre Elliot Trudeau. Multicultu­ralisme, gouverneme­nt des juges, ultrafédér­alisme : tel sera son socle idéologiqu­e.

Dominique Anglade s’oppose au nationalis­me québécois

CONVICTION­S

Elle embrassera aussi la cause environnem­entale. Ses conviction­s en la matière sont sincères. Mais elles arrivent en deuxième place, après son trudeauism­e.

Peut-être se dira-t-elle nationalis­te pour connecter avec l’électorat francophon­e. Il faudra immédiatem­ent lui demander ce qu’elle entend par ce terme. Elle risque alors de bafouiller une réponse alambiquée. Ne lui en voulons pas. Il y a des limites à dire le contraire de ce qu’on pense.

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